Une étude a donc été menée en Australie sur une population de 86 patients présentant un carcinome spino-cellulaire et 187 sujets contrôles appariés en âge et en sexe. La consommation d'anti-inflammatoires non stéroïdiens a été évaluée par la technique de l'interview « face à face » associée à une identification des médicaments concernés à l'aide de photographies. Les médecins dermatologistes qui ont réalisé cette étude ont alors défini un groupe de faibles consommateurs d'anti-inflammatoires non stéroïdiens qui prenaient moins de 2 comprimés par semaine alors que les gros consommateurs prenaient 8 comprimés ou plus par semaine depuis au moins 1 an. Parallèlement, les kératoses actiniques étaient décomptées chez les patients témoins. Les patients porteurs d'un carcinome spinocellulaire avaient consommé moins de 8 comprimés/ semaine d'anti-inflammatoires non stéroïdiens au cours de l'année précédant la découverte du carcinome et/ou n'en avaient pas pris régulièrement (2 prises ou plus par semaine) durant les 5 années précédentes. On retrouvait également un nombre plus faible de kératoses actiniques chez les patients qui avaient utilisé les anti-inflammatoires non stéroïdiens plus de 2 fois par semaine par rapport à ceux qui n'y avait pas eu recours.
Malgré le faible nombre de cas étudiés, il ressort de cette étude que les anti-inflammatoires non stéroïdiens pourraient réellement exercer un effet protecteur vis à vis de la survenue des carcinomes spinocellulaires et des kératoses actiniques. Néanmoins, le rapport bénéfice/risque de ce type de médicament, dont l'utilisation au long cours n'est pas sans inconvénient, n'est pas évalué dans ce travail.
Dr Patrice Plantin
Butler GJ et coll. : "Nonsteroidal anti-inflammatory drugs and the risk of actinic keratosis and squamous cell cancers of the skin." J Am Acad Dermatol 2005 ; 53 : 966-72. © Copyright 2006 http://www.jim.fr