Cannabis : l'impossible frontière entre le récréatif et le thérapeutique

Paris, le 4 mai 2001 - Entre autoriser la présence sur le territoire français de cannabis à titre thérapeutique et le légaliser, les juges n'ont pas vu la différence. C'est sans doute parce que la frontière est si tenue entre reconnaître un quelconque bénéfice au cannabis, et lui reconnaître tous les intérêts, que les magistrats du tribunal administratif de Paris n'ont pas voulu jouer avec le feu et ont rejeté la requête de deux malades du sida et des membres du Mouvement de Libéralisation contrôlée (MLC) qui demandaient l'autorisation d'importer du cannabis à des fins thérapeutiques. Menant leur combat depuis deux ans, et ayant essuyé le refus poli mais ferme du ministère de la Santé, les défenseurs des vertus du cannabis avaient pourtant bien préparé leur cause. Devant les magistrats incrédules, ils ont en effet présenté les dizaines d'études publiées dans les plus prestigieuses revues médicales, qui pêle-mêle démontrent l'effet « destressant » du cannabis chez des personnes atteintes de sida et de cancer, ou prouvent que les paradis artificiels redonnent de l'appétit à ces patients, diminuent pour certains leurs vomissements, et se révèlent d'excellents antispasmodiques pour les épileptiques ou les sujets atteints de SEP. Ce ne fut pas faute également d'invoquer, l'illustre reine Victoria, qui selon la légende en consommait régulièrement pour soulager des menstruations douloureuses, ou encore les gouvernements suisse, hollandais, néo-zélandais, australien et canadien qui depuis quelques années ou quelques mois ont reconnu les vertus médicinales du cannabis. Rien n'y a fait, et s'appuyant non seulement sur le tableau des stupéfiants de l'ONU où les Etats-Unis ont fait inscrire le cannabis en 1954 et sur un arrêté ministériel français de 1990 qui classe le cannabis « parmi les substances stupéfiantes dépourvues de toute utilité thérapeutique», les juges n'ont gardé de la plante que son apparent venin et non pas voulu goûter ces autres charmes. Un doute trop important planait en effet, à une époque où le mot de légalisation est sur toutes les lèvres. Ainsi en l'absence de « médicament à base de cannabis » reconnu officiellement, et sans réelles motivations d'études médicales, auxquelles ne pouvaient prétendre les membres du MLC, le commissaire du gouvernement est resté intraitable. Affaire à suivre, le 29 mai, date du délibéré.

A.H.

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