LE QT LONG CONGENITAL, EN BREF

Le syndrome du QT long congénital dans sa forme la plus commune (syndrome de Romano-Ward) est une affection autosomique dominante qui expose au risque de syncopes et de mort subite. Jusqu'à présent, dans les familles atteintes, le dépistage des patients porteurs du gène se faisait grâce à la constatation sur l'ECG d'un allongement de l'intervalle QT corrigé (QTc) de plus de 0,44 secondes. Cependant, en raison des nombreux facteurs influençant la repolarisation ventriculaire, la sensibilité et la spécificité de l'intervalle QTc pour la détection des sujets atteints n'est pas connue.

Récemment, une équipe de Salt Lake City a décrit un marqueur génétique du syndrome de Romano-Ward sur le bras court du chromosome 11. Cette découverte leur a permis de mieux cerner les caractéristiques cliniques et électrocardiographiques de ce syndrome d'après l'étude des membres de 3 familles. Quatre-vingt-trois porteurs du gène ont ainsi été identifiés sur les 199 sujets étudiés.

Un intervalle corrigé à réviser

Contrairement à une opinion couramment admise selon laquelle les femmes sont plus souvent atteintes que les hommes avec un sex-ratio voisin de 2,1 ; 52 % des porteurs du gène étaient de sexe masculin. La repolarisation ventriculaire des patients atteints a été comparée à celle des sujets indemnes. L'intervalle QTc des porteurs du gène variait de 0,41 à 0,59 secondes, alors que celui des patients exempts de l'anomalie variait de 0,38 à 0,49 secondes. Un intervalle QTc inférieur à 0,44 secondes était retrouvé chez 4 patients atteints du syndrome, alors que 17 des 116 sujets non atteints (15 %) avaient un intervalle QTc supérieur à 0,44 secondes. Parmi les porteurs de l'anomalie, l'intervalle QTc était plus long chez les femmes que chez les hommes (0,50 s contre 0,48 s), et aucune différence n'était retrouvée entre l'intervalle QTc des patients ayant fait des syncopes et celui des patients asymptomatiques. Pour les hommes, un intervalle QTc supérieur à 0,47 secondes avait une valeur prédictive positive du syndrome de 100 % et un intervalle inférieur à 0,41 secondes une valeur prédictive négative de 100 %. Pour les femmes, ces valeurs de l'intervalle QTc étaient respectivement de 0,48 et 0,44 secondes.

Cette étude apporte donc un éclairage nouveau sur le syndrome du QT long congénital. La valeur limite communément retenue de 0,44 s pour distinguer les patients atteints des patients indemnes de l'anomalie avait une spécificité de 87 % chez les hommes et de 64 % chez les femmes, ce qui sous-entend que dans les familles concernées, un nombre significatif de sujets sont considérés à tort comme étant porteurs du gène.

Les progrès prévisibles de la biologie moléculaire en ce domaine et la généralisation que l'on peut espérer prochaine des tests génétiques de dépistage de cette affection devraient pouvoir redresser un certain nombre de faux positifs.

 

Vincent M. et coll. : "The spectrum of symptoms and QT intervals in carriers of the gene for the long-QT syndrome". N. Engl. J. Med., 1992 ; 327 : 846-852.

Tirés à part : Dr Vincent, Department of medicine, LSD hospital, Salt Lake City, Ut 84143, Etats-Unis.

Guy Vaskmann

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