UNE NOUVELLE DERMATOSE NEUTROPHILIQUE

A propos d'une observation isolée, mais qui ne ressemble à rien de connu, Renfro et coll. définissent une nouvelle dermatose neutrophilique aseptique, caractérisée par l'atteinte élective des glandes sébacées du visage.

Plaques infiltrées du visage

Il s'agit d'un jeune homme de 18 ans sans antécédent remarquable , qui a fait un mois plus tôt une bronchite, traitée par céfalexine.

Il voit apparaître des plaques érythémato-violacées confluentes des convexités du visage, cernées par une bordure polycyclique surélevée. Ces lésions très inhabituelles pourraient correspondre à une forme très œdémateuse de teigne du visage, à une infiltration lymphocytaire cutanée bénigne, voire à un lupus ou une hématodermie. Cependant les prélèvements locaux sont négatifs. Le bilan sanguin ne montre ni anomalie de l'hémogramme, ni syndrome inflammatoire, ni anticorps anti-nucléaires.

Les antifongiques, les corticoïdes locaux, puis les tétracyclines sont essayés sans résultat au cours des mois suivants.

Sébocytes nécrotiques et infiltrat à PN

La biopsie montre un infiltrat à polynucléaires neutrophiles des lobules sébacés, où l'on remarque des sébocytes nécrotiques épars. Autour, le derme est le siège d'un infiltrat mononucléé périvasculaire et périannexiel.

Il n'y a pas d'anomalie épidermique notable. Les colorations spécifiques ne montrent ni champignons ni bactéries.

La prednisone (40 mg/jour) permet une amélioration franche en 7 jours. Dix mois plus tard, le patient n'a pas eu de récidive et ne garde aucune séquelle.

Tout concorde donc pour voir là une nouvelle dermatose neutrophilique aseptique.

Une maladie cortico-sensible similaire chez le chien

Cependant, les rapports de l'adénite sébacée neutrophilique avec les autres éléments de cet ensemble nosologique semblent pour l'instant très lâches.

L'aspect clinique rappelle, en moins aigu, les lésions cutanées du syndrome de Sweet. Mais on ne retrouve pas le contexte général, l'hyperleucocytose périphérique, ni l'association à une hémopathie.

L'hidradénite neutrophilique eccrine est une atteinte des glandes sudorales et se produit après chimiothérapie. Elle semble faire intervenir à la fois une toxicité de drogues comme l'Aracytine® pour l'épithélium sudoral et une dysfonction des PN dans le cadre de l'hémopathie maligne traitée.

Au contraire, dans ce cas d'adénite sébacée neutrophilique, le rôle de la bêta-lactamine administrée un mois plus tôt est improbable, et les PN du patient étaient a priori normaux.

Il existe une dermatose canine, responsable de plaques inflammatoires alopéciques et qui s'accompagne d'une histologie similaire à l'adénite sébacée neutrophilique. Cette affection n'est sensible qu'à la corticothérapie générale ou la ciclosporine.

Malheureusement, ce modèle n'apporte pas d'orientation étiologique.

Notamment, aucun facteur toxique n'a été relevé chez ces animaux.

 

Renfro: "Neutrophilic sebaceous adenitis" Arch. Dermatol., 1993,129 : 910-911

François Blanc

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