LE KAWASAKI AU THALIUM

Le syndrome de Kawasaki est une affection fébrile du nourrisson et de l'enfant qui entraîne des lésions coronariennes dans 15 à 20% des cas. Si l'échocardiographie est fiable dans la détection des anévrysmes, les lésions sténotiques ne sont mises en évidence qu'en ayant recours à la coronarographie ou, plus récemment, à la tomographie d'émission monophotonique : thallium-201 SPECT (Single Photon Emission Computed Tomography), réalisée au cours d'un test de stress au dipyridamole.

Une équipe japonaise a comparé les résultats de ces deux techniques chez 34 enfants âgés de 3 à 18 ans (moyenne : 8,2 ans) ayant présenté un syndrome de Kawasaki. Les 2 examens ont été effectués à 3 mois d'intervalle, au plus.

3 groupes pour la coro
4 scores pour la scinti

Les coronarographies sélectives, faites de façon conventionnelle, ont permis de répartir les patients en 3 groupes : le groupe A comprenant les 7 patients atteints d'une sténose coronarienne de plus de 50%, le groupe B constitué de 11 enfants aux coronaires anévrismales mais non sténosées, et le groupe C des 16 patients aux coronaires angiographiquement saines. L'étude scintigraphique a été réalisée après induction d'une vasodila-

tation coronaire maximale par perfusion intraveineuse de dipyridamole (0,56 mg/kg/4 min).

Deux séquences d'images ont été acquises 3 minutes et 4 heures après injection de thallium-201 (54 MBq/1,7 m2). La perfusion myocardique a été appréciée visuellement et un score lui a été associé : 0 pour normale, 1 pour discrètement diminuée, 2 pour modérément diminuée et 3 pour une perfusion très réduite. Les scores 2 et 3 ont été jugés comme témoignant d'une altération significative de la perfusion myocardique.

Les défauts de perfusion notés sur la séquence précoce, mais disparaissant après redistribution du traceur, ont été qualifiés de transitoires, par opposition aux défauts persistant sur les images tardives.

Une altération significative de la perfusion myocardique a été trouvée chez 15 enfants, transitoire dans 8 cas, persistante dans 6 cas, tandis qu'un enfant avait à la fois des défauts transitoires et persistants.

Des résultats inattendus

Dans le groupe A, celui des sténoses angiographiquement visibles, 5 des 7 enfants avaient des scores scintigraphiques >= 2. Plus inattendu, ces anomalies scintigraphiques étaient aussi présentes, réparties également entre transitoires et persistantes, chez 6 des 11 patients du groupe B atteints d'anévrysmes coronariens ainsi que chez 4 des 16 enfants du groupe C, aux coronaires angiographiquement saines.

Globalement, le segment d'hypoperfusion scintigraphique correspondait au territoire d'une coronaire sténosée dans 30% des cas, anévrysmale dans 30% des cas et normale dans les 40% restant.

Gros troncs
et microcirculation

Les auteurs mettent en parallèle leurs résultats et ceux des études biopsiques et autopsiques qui ont montré que la vascularite survenant à la phase aiguë de la maladie de Kawasaki n'est pas limitée aux gros troncs coronaires mais touche aussi la microcirculation.

Si l'on en croit leurs conclusions, les moyens d'investigations classiques que sont l'échographie et la coronarographie ne permettraient pas d'identifier tous les patients chez qui la maladie de Kawasaki a endommagé la circulation coronaire, ou les expose à souffrir ultérieurement d'ischémie myocardique.

 

Fukazawa M. et coll. : "Discordance between Thallium-201 scintigraphy and coronary angiography in patients with Kawasaki disease : myocardial ischemia with normal coronary angiogram". Pediatr. Cardiol., 1993 ; 14 : 67-74.

Tiré à part : Dr. Mitsuru Fukazawa, Department of Pediatrics, Faculty of Medicine, Kyushu University, 3-1-1, Maidashi, Higashi-ku, Fukuoka 812, Japan.

Pierre Mauran

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