L'eczéma atopique est habituellement amélioré par le soleil, les UVB ou la PUVA. Chez une minorité de patients au contraire, on observe une aggravation lors de vacances au soleil, ou des poussées prédominant sur les parties découvertes, parfois une réaction d'intolérance à la photothérapie. Deux explications sont couramment avancées. L'association de la DA à une photodermatose idiopathique est la première. On connaît en effet la possibilité au cours de la lucite polymorphe de lésions eczématiformes ou à type de prurigo (prurigo actinique de Hutchinson). Une autre hypothèse repose sur une photosensibilisation rémanente aux anti- histaminiques dérivés des phénothiazines, parfois objectivée par les photo-patch-tests. Mais, pour les Japonais, il existe une authentique photosensibilité de la DA elle-même aux UVB.
Sept DA "photosensibles" sur 19
Une équipe de Tokyo a appliqué un protocole d'exploration photobiologique calqué sur celui des lucites idiopathiques à 19 patients atteints de DA actives, dont 7 présumées photosensibles. Les tests comprenaient une détermination de la dose érythématogène minimale (DEM-UVB) puis la délivrance sur différentes zones de 2 DEM par jour pendant 2 ou 3 jours et de 4 à 5 DEM en une fois. En cas de réponse anormale étaient réalisés une biopsie, des patch-tests et des photopatch-tests.
Un érythème aux UVA a également été recherché. Tous les tests ont été lus à 24 et 72 heures et les photo-patch-tests à 96 heures.
Trois photosensibilités UVB
Aucun érythème n'a été obtenu pour des doses d'UVA allant jusqu'à 9J/cm2. La DEM-UVB était normale chez les 19 patients. Parmi les sept patients se disant aggravés par le soleil, 3 ont eu une réaction anormale aux UVB rappelant celle qui est observée dans les lucites polymorphes. Ces lésions sont apparues 24 à 72 heures après l'irradiation unique à 4 DEM ou les expositions itératives à 2 DEM et ont duré de 2 à 8 jours. Elles associaient toujours, à un degré divers, prurit, papules œdémateuses et halo érythémateux. La biopsie montrait une image eczématiforme.
A distinguer des lucites polymorphes
Deux des patients ayant ces réactions anormales aux UVB ont eu des patch-tests et des photo-patchtests, tous négatifs. Il ne s'agissait donc pas là de photosensibilisations médicamenteuses ou de contact. La distinction avec une lucite polymorphe associée est plus délicate. Cependant, l'éruption spontanée chez ces patients, à type d'érythème en nappes ou de poussée d'eczéma sur les zones exposées diffère de celles observées dans la LP. De même, le halo érythémateux prurigineux suscité par les tests est inhabituel dans l'exploration photobiologique des LP.
La photosensibilité aux UVB pourrait donc bien être une des facettes de la dermatite atopique elle-même. Une notion qui pourrait trouver des applications dans la photoprotection et la photothérapie de l'eczéma atopique.
Keong C.H. et coll. : "Photosensitivity in atopic dermatitis : demonstration of abnormal response to UVB". J. Dermatol., 1992 ; 19 : 342-347.
François Blanc