L'hypertrophie lipomateuse du septum interatrial a été rapportée pour la première fois en 1964. Cette entité reste cependant mal connue. Shirani et coll. ont isolé 91 cas à partir d'une banque de données d'autopsies regroupant 7 000 dossiers, afin de tenter d'isoler les caractéristiques anatomiques, cliniques et électrocardiographiques liées à cette anomalie.
La portion haute du septum est constamment plus épaisse que la partie basse proche du ventricule, la fosse ovale étant relativement respectée par le dépôt graisseux. L'épaisseur du septum haut atteint 1,5 à 6 cm pour une moyenne de 2,4 cm, celle de la partie basse de 0,3 à 2,4 cm pour une moyenne à 0,9 cm.
Géométrie variable
Les patients dont la portion septale haute excédait 2 cm ont été répartis en un groupe de 59 patients ne dépassant pas 3 cm et un groupe de 21 patients dépassant 3 cm. L'âge des patients variait de 48 à 91 ans. Les septums très infiltrés sont plus fréquents chez la femme, chez les patients hypertendus, et s'accompagnent plus souvent d'arythmies atriales. Le diabète ou des antécédents de corticothérapie ne modifient pas l'épaisseur septale. L'insuffisance cardiaque s'observe plus souvent en cas de septum très épaissi, la fréquence des cardiopathies ischémiques n'est en revanche pas influencée.
Une surcharge
pondérale fréquente
Les auteurs insistent sur l'intérêt de leur méthode d'autopsie faisant passer la section du septum par la fosse ovale, permettant de comparer les mesures autopsiques avec les mesures in vivo par scanner ou RMN. Cette infiltration septale s'accompagne souvent de dépôts graisseux abondants sur la paroi libre du ventricule droit et dans le sillon auriculo-ventriculaire.
Le poids corporel des patients est corrélé à la surcharge graisseuse cardiaque. La graisse cardiaque semble plus lente à mobiliser, car elle persiste chez les patients décédés d'une affection néoplasique, s'accompagnant souvent d'un amaigrissement pré-mortem. Quand le rythme reste sinusal, l'onde P affiche volontiers une morphologie particulière faite d'un dôme suivi d'un creux, possiblement liée à un retard de conduction d'une oreillette à l'autre.
Des modifications électrocardiographiques
Les modifications électrocar-
diographiques semblent la seule conséquence de ce dépôt, aucun cas
d'obstacle hémodynamique n'ayant été rapporté. La série autopsique
présente rend difficile l'étude de ce point particulier, qui
mériterait peut-être une approche plus moderne par ETO. Cette
entité peut également poser problème pour la différencier d'une
localisation métastatique dans certaines conditions.
Shirani J. et coll. : "Clinical electrocardiographic and morphologic features of massive fatty deposits ("lipomatous hypertrophy") in the atrial septum". J. Am. Coll. Cardiol. , 1993 ; 22 : 226-238.
Eric Tison