QUELS ENFANTS FERONT UNE CONVULSION FEBRILE ?

Les convulsions fébriles sont des événements vraiment terrifiants pour les parents. La plupart d'entre eux déclarent (après l'épisode) avoir cru que leur enfant allait mourir. Or peu nombreuses sont les familles renseignées sur ce type de manifestation et sa bégninité habituelle. Est-il possible d'identifier les enfants les plus exposés aux convulsions fébriles dans le but d'informer leur entourage ?

Un certain nombre de facteurs de risque ont déjà été identifiés : les antécédents familiaux de convulsions fébriles ou non, le tabagisme maternel anténatal, la prématurité, la fréquentation d'une crèche ou d'une garderie, les épisodes infectieux fréquents pendant les 6 derniers mois. P. Bethune et coll. ont présenté une étude originale dans la mesure où elle combinait différents facteurs de risque pour tenter d'isoler un élément prédictif de convulsion fébrile chez un enfant donné.

Identifier les facteurs

Soixante-quinze enfants âgés de 6 à 47 mois (médiane : 16 mois), ayant présenté une première convulsion dans un contexte fébrile (>= 38°C), indépendante de toute infection intracrânienne, de tout traumatisme et de toute hypoglycémie, et pris en charge par le service des urgences d'un hôpital de Halifax, ont été inclus dans l'étude. Dans 23% des cas, les crises étaient complexes (d'une durée supérieure à 15 minutes, focales, ou répétées). Pour chaque sujet, 4 témoins ont été sélectionnés parmi les enfants ayant consulté dans le même service dans les 10 jours : 2 témoins fébriles (>= 38°C) et 2 témoins apyrétiques (¾ 37,5°C) n'ayant jamais convulsé.

L'analyse multivariée, en estimant l'incidence globale des convulsions fébriles dans la population à 4%, a fini par faire apparaître les facteurs de risque suivants assortis d'un risque propre :

- la fréquentation d'une crèche ou d'une garderie (plus de 20 heures par semaine) (risque : 6,6%) ;

- les antécédents familiaux de convulsions fébriles (chez les parents au second degré (risque : 7,7%) ; chez les parents au premier degré (risque : 9,6% pour un sujet, 32,5% pour 2 sujets) ;

- le retard de développement (selon l'appréciation des parents ; risque : 10,3%) ;

- la durée d'hospitalisation néonatale supérieure ou égale à 28 jours (risque : 11,6%) ;

- enfin l'association de 2 facteurs de risque (risque : 28% en moyenne ; extrêmes : 20 et 73%).

Gare à la crèche

Si un grand nombre de ces facteurs de risque avait déjà été individualisé, c'est la première fois que la fréquentation d'une crèche ou d'une garderie est incriminée de manière indépendante. Il est vrai qu'elle majore le risque d'infections notamment respiratoires et digestives, à cytomégalovirus et Haemophilus influenzae de type b. Certains auteurs ont même montré que les enfants faisant des convulsions fébriles présentaient également plus d'infections... Quant à l'hospitalisation prolongée pendant la période néonatale, elle traduit les difficultés rencontrées au cours de cette période, et son association avec les convulsions fébriles pourrait bien laisser suggérer que des facteurs néonataux interviennent dans ce type de troubles.

Inversement...

La plupart des enfants présentant cette pathologie n'ont cependant aucun de tous ces facteurs de risque. De plus, il ne paraît pas raisonnable d'informer toutes les familles à ce sujet puisque 96% des enfants ne feront jamais de convulsions fébriles. Informer les familles des enfants présentant au moins 2 facteurs de risque (donc un risque moyen de 28%) avant tout épisode convulsif semble en revanche réalisable. On peut ainsi espérer que les parents subiront un stress moins important et qu'ils sauront mieux réagir en cas d'un éventuel incident.

Jean-Louis Salomon

Bethune P. et coll. : "Which child will have a febrile seizure?" A. J. D. C., 1993 ; 147 : 35-39.

SALOMON JEAN-LOUIS

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