PAPILLOMAVIRUS : LES GRADES DE RISQUE CANCEROGENE

Depuis 1983, on sait que certains virus sont peu cancérogènes comme le papillomavirus (PVH) 6 ou le PVH 11, et que d'autres sont à plus haut risque comme le PVH 16 ou le PVH 18. En effet, l'on ne retrouve jamais le 6 et le 11 dans les cancers du col utérin invasifs alors que l'on observe fréquemment les PVH 16 et 18 dans les lésions dysplasiques de haut grade ou dans les cancers.

Toutefois, cette notion de risque n'a, pour le moment, pas fait l'objet d'une définition clinique ou histologique rigoureuse pour tous les nouveaux virus qui ont été découverts. On a donc attribué à ceux-ci un grade de risque en fonction des lésions où ils ont été découverts et aussi des similitudes moléculaires qu'ils présentaient avec les virus déjà connus.

La difficulté de déceler la présence de virus au sein de lésions génitales a fait l'objet de publications contradictoires, surtout depuis l'apparifion de la polymerase chain reaction (PCR) qui pose le problème de l'importance des virus latents.

Les auteurs d'un article retentissant paru dans le Lancet en 1989 et intitulé "High rate of human Papillomavirus type 16 infection in cytologically normal cervices" ont reconnu dans la même revue avoir été victimes des faux positifs de la PCR. D'autre part, certains de ces virus sont peu fréquents, et on connaît mal leur relation avec les lésions cliniques et par conséquent leur pronostic. Plusieurs équipes ont cherché à combler cette lacune.

A.T. Lorincz et R. Reid ont ainsirassemblé plusieurs études disparates, réalisées entre 1982 et 1989. Celles-ci leur ont permis de collecter 2 627 cas et de montrer que certains virus étaient à faible risque cancéreux (HPV 6, 11, 42, 43 et 44) puisqu'ils n'étaient présents que dans 20% des lésions de bas grade mais absents au sein des 153 cancers étudiés. D'autres virus sont à risque intermédiaire, il s'agit des HPV 31, 33, 35, 51, 52 et 58 qui ne sont présents que dans 23% des lésions intra-épithéliales de haut grade et dans 10% des cancers. D'autres encore sont des virus à haut risque : il s'agit principalement de l'HPV 16, retrouvé dans 47% des lésions intra-épithéliales de haut grade et des cancers. Enfin, une autre famille de virus à haut risque : celle de l'HPV 18, 45, et 56, présents dans 26% des cancers invasifs et dans simplement 6,5% des lésions intraépithéliales de haut grade. La présence d'un virus de type oncogène ajoute un risque relatif extrêmement important (65,1 à 235,7) de survenue d'une lésion de haut grade et un risque encore plus grand de survenue d'un cancer (31 à 296).

Une équipe française

C. Bergeron et R. Barrasso, en collaboration avec l'équipe de l'Institut Pasteur, ont aussi travaillé dans cette direction puisqu'ils ont analysé 188 biopsies pour confronter le grade histologique et le type de Papillomavirus rencontrés. De cette étude, il ressort que le virus HPV 16 est plus largement associé aux lésions de haut grade, mais il est aussi présent dans les lésions de bas grade que le virus HPV 18 y est rare. En effet, ce dernier ne correspond qu'à 3% des virus de CIN et de même les PVH 31, 33 et 35 sont peu fréquents, tandis que 30, 39, 45, 51, 52, 56, 58 et 61 sont principalement constatés dans les lésions de bas grade et dans peu de lésions de haut grade (8%). Néanmoins 25% des lésions correspondent, qu'elles soient de bas grade ou de haut grade, à des virus non encore identifiés. Les hybridations in situ ont permis de localiser le virus dans l'épithélium et ont montré que sa répartition est souvent très hétérogène. Finalement, les virus que l'on met en évidence dans les CIN sont très variables, puisque 18 types sont retrouvés à la fois dans les lésions de bas grade et de haut grade à l'exception du 6 et du 11 et du 42 qui sont toujours situés au sein de lésions ayant un faible degré d'atypie. Cette grande diversité des Papillomavirus pourrait expliquer l'évolution clinique si variable de ces lésions, dont le pronostic ne peut pas, pour l'instant, être déterminé par simple typage viral.

Bernard Huynh

Lorincz A.T., Reid R. et coll. : "Human papillomavirus infection of the cervix : relative risk associations of 15 common anogenital types". Obstet. Gynecol., 1992 ; 79 : 328-337.

Bergeron C., Barrasso R. et coll. : "Human papillomaviruses associated with cervical intraepithelial neoplasia". Am. J. Surg. Pathol., 1992 ; 16 (7) : 641-9.

HUYNH BERNARD

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article