Des syndromes lupiques peuvent être induits par des agents chimiques, ces derniers étant classés en trois groupes :
1- ceux avec une preuve définie de l'association,
2- ceux dont l'association est possible,
3- ceux dont l'association est peu probable ou non prouvée : les tétracyclines font partie de ce dernier groupe.
A cet égard, T. Matsuura et coll. ont signalé le cas d'une jeune japonaise de 22 ans, souffrant de polyarthralgies, d'une fièvre et d'une toux sèche alors qu'elle était traitée depuis deux ans par minocycline à la dose de 100 à 150 mg/jour pour une acné faciale.
Les radiographies pulmonaires montraient un infiltrat interstitiel bilatéral. La mise sous antibiotiques a été sans effet. La minocycline a alors été interrompue au 2e jour de l'hospitalisation. La toux sèche a disparu en 7 jours, les arthralgies et les synovites, cliniquement présentes, en 1 mois. Des anticorps anti-nucléaires et des cellules LE ont été constatés alors qu'il n'y avait pas d'anti-ADN, d'anti-Sm ni d'anti-histone. Les cellules LE ont disparu en 3 mois, les facteurs anti-nucléaires ont cependant persisté avant de diminuer progressivement. La patiente était porteuse de l'HLA DR2.
Cette observation semble donc démontrer la réalité de l'association et la minocycline serait à rajouter à la liste des drogues inductrices de lupus.
D. A.
Matsuura T. et coll. : "Minocycline - related lupus". Lancet, 1992 ; 340 : 1553.
ALCAIX DIDIER
