HAUT LES COEURS AUX PAYS-BAS

Depuis qu'on parle des conquêtes féminines des gynécologues et des ORL, favorisées par la position allongée des patientes, il était temps qu'une étude sérieuse fasse le point sur la question. D. Wilbeg et son équipe se sont penchés (si l'on ose dire) sur le problème.

Afin d'obtenir des données sur les contacts sexuels entre les médecins et leurs patients, un questionnaire anonyme a été envoyé à tous les gynécologues et tous les ORL des Pays-Bas.

656 praticiens questionnés

Neuf cent soixante-quinze questionnaires ont été adressés à 595 gynécologues et 380 ORL. Le taux de réponse a été de 74% en incluant 64 praticiens qui ont renvoyé le questionnaire non rempli en donnant les raisons de leur refus. L'analyse a donc porté sur 656 questionnaires. Trois cent quatre-vingt-dix-sept ont été remplis par les gynécologues, et 239 par les ORL. Dans 20 cas, la profession n'était pas spécifiée.

Cinq cent soixante-huit (87%) des répondants étaient des hommes et 57 (9%) des femmes. Dans 31 cas, le sexe n'était pas mentionné. Parmi les ORL, 98% étaient des hommes et 2% des femmes.

Les résultats de cette enquête ont montré que 59% des hommes gynécologues, 48% des femmes gynécologues et 56% des ORL jugent concevables d'éprouver une attirance sexuelle pour un patient. Dans le groupe des 259 médecins qui avouent trouver ce sentiment inconcevable, 59% prétendent ne jamais avoir éprouvé d'attirance sexuelle pour un patient.

Quatre-vingt-quatre pour cent des hommes gynécologues, 14% des femmes gynécologues et 81% des ORL confessent, en revanche, avoir éprouvé une attirance sexuelle pour un de leurs patients. Cinquante pour cent des hommes gynécologues mais seulement 25% des femmes gynécologues ressentent une certaine culpabilité vis-à-vis de l'attirance éprouvée envers un patient.

27% ont eu des contacts sexuels

Vingt-sept (4%) des 656 praticiens interrogés admettent avoir eu des contacts sexuels avec un ou plusieurs patients et 9 d'entre eux ont poussé ces contacts jusqu'aux rapports sexuels (4 gynécologues et 5 ORL, mais aucune femme).

Soixante-quatre médecins ont renvoyé le questionnaire non rempli en précisant qu'ils ne souhaitaient pas répondre, alléguant le manque de temps, ou des raisons diverses, parmi lesquelles revenaient les thèmes suivants : "ce problème est plus fréquent dans les relations psychothérapeutiques", "votre concept est trop mal défini", "Il n'est pas question de rapprocher le sexe de la pratique médicale" ou encore "vous devriez avoir honte de faire de pareilles études".

Il s'agit, bien sûr, d'une enquête provocatrice qui soulève d'importantes questions mais apporte peu de réponses. Les 61% de questionnaires renvoyés par les gynécologues par rapport au 36% des ORL montrent bien que notre spécialité est consciente du problème et se sent concernée.

Avoir une expérience sexuelle avec un patient n'est pas déontologique et ceci depuis Hippocrate. La relation médecin-malade est en effet basée sur la confiance et le respect mutuel. Le maintien de cette relation nécessite la plus grande intégrité et un comportement irréprochable de la part du médecin. Pourtant, comme le montre cette étude, un tel comportement du médecin reste utopique.

Bien que ce type d'enquête ne soit certainement pas adéquat pour quantifier de telles activités, le taux de 4% de médecins ayant eu des contacts sexuels avec leur patient est loin d'être négligeable. Même si dans la majorité des cas, il n'y a pas eu pression ou violence, le consentement du patient ne peut être considéré comme libre du fait de la relation d'admiration et de dépendance qui existe souvent entre médecin et malade. Le risque de préjudice psychologique est donc grand pour ce dernier.

Gérer l'attirance

Ce travail montre en outre qu'il convient d'admettre que l'attraction sexuelle existe dans la relation médecin-malade.

Le nier comme le font 36% des hommes gynécologues est inquiétant et irréaliste. L'objectif est plutôt de réfléchir à la façon de gérer ce type d'émotion quand elle survient, problème malheureusement rarement abordé lors des études médicales.

Danielle Hassoun

Wilbeg D. et coll. : "Sexual contact with doctor patient relationship in Netherlands". Br. J. Med.,

HASSOUN DANIELLE

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