Chez les femmes se plaignant d’incontinence fécale (IF) idiopathique, les pratiques consensuelles recommandent une imagerie du sphincter annal suivie de sa réparation chirurgicale, lorsqu’elle est réalisable. Ce qui est moins bien précisé, c’est la contribution relative des traumatismes obstétricaux et des symptômes digestifs dans la survenue d’une IF.
Cette enquête réalisée par une équipe du centre médical d’Olmsted (Rochester, Minnesota, Etats-Unis) avait comme objectif d’évaluer les facteurs de risque pour la survenue d’une IF dans l’année précédente. Elle a reposé sur un questionnaire validé, adressé par voie postale à un échantillon, stratifié sur l’âge et tiré au hasard, de 5 300 femmes habitant dans le district de la ville d’Olmsted. Le taux de réponse à ce questionnaire a été de 53 % (2 800 réponses).
Au travers de ces réponses, il est apparue que le risque d’incontinence fécale augmentait avec l’âge (odds Ratio [OR] par décade 1,3 IC95% 1,2-1,4, et qu’il était plus élevé chez les femmes se plaignant d’une impériosité rectale (OR 8,3 ; IC95 % 4,8-14,3), qu’elles aient ou non d’autres troubles digestifs (constipation, diarrhée, douleurs abdominales) et qu’elles aient ou non eu un accouchement par voie vaginale avec utilisation de forceps ou la nécessité de recoudre (OR 9,0, IC95 % 5,6-14,4).
Parmi les femmes avec une IF, l’impériosité rectale et l’âge
étaient également des facteurs de risque pour la sévérité des
symptômes. En revanche les facteurs de risque obstétricaux pour la
survenue de traumatismes ano-rectaux n’augmentaient pas le risque
de survenue d’une IF.
Le risque de survenue d’une IF n’était pas significativement
différent chez les femmes ayant eu : une césarienne, un
accouchement par voie vaginale avec ou sans forceps ou nécessité de
faire des points de suture, une chirurgie anorectale
comparativement à celles n’ayant aucun de ces facteurs de
risque.
Bharucha et coll. concluent de ce travail que l’impériosité
rectale est le principal facteur de risque pour la survenue d’une
incontinence fécale chez les femmes.
Cette constatation renforce l’importance des mesures
comportementales, diététiques et pharmacologiques pour améliorer
les troubles digestifs avant de réaliser une imagerie du sphincter
anal chez les femmes ayant une incontinence fécale
idiopathique.
Pr Marc Bardou