Les chélateurs en clinique

EHA – Amsterdam. Un chélateur idéal doit pouvoir être donné par voie orale avec une grande spécificité et affinité pour le Fe3+ et une couverture continue, en l’absence de redistribution du fer et de iatrogénie majeure.

La desférioxamine, du fait de son haut poids moléculaire, ne peut être donnée par voie orale et seule une administration sur 24 heures permet une chélation continue. En revanche, elle n’induit pas de redistribution du fer chélaté. Les effets secondaires locaux cutanés et articulaires sont importants, et une hypoacousie, une altération rétinienne et des troubles trophiques squelettiques sont possibles. La desférioxamine diminue très efficacement la ferritinémie et le LIC ainsi que le fer intracardiaque évalué en IRM par la mesure du T2* avec une amélioration de la FEVG. Le problème majeur est que son efficacité est intimement liée à la compliance au traitement qui est mauvaise à long terme.

La défériprone est un chélateur oral indiqué en cas d’échec de la desférioxamine. Les effets secondaires sont nombreux notamment gastro-intestinaux, articulaires et hépatiques (cytolyse), et le risque d’agranulocytose est non négligeable. L’efficacité sur la surcharge hépatique est douteuse. Cependant, l’efficacité de la défériprone semble supérieure à celle de la desférioxamine sur le plan cardiaque.

Le déférasirox, nouveau chélateur oral en développement dans les surcharges en fer post-transfusionnelles et actuellement en essais de phase III permet une chélation efficace et continue grâce à une prise quotidienne. Il a montré une efficacité comparable à celle de la celle de la desférioxamine (pour un rapport de dose desférioxamine / déférasirox  de 2:1). Les données actuelles proviennent principalement de patients thalassémiques. Il diminue de manière rapide et efficace la ferritinémie et le LIC et permet une diminution du fer libre toxique LPI dans les premières heures du traitement. Son efficacité est dépendante de la dose administrée. Les effets secondaires sont acceptables : quelques troubles gastro-intestinaux, réactions cutanées et augmentation modérée de la créatinine non progressive, et les enquêtes de satisfaction auprès des patients sont favorables. Sur le plan cardiaque, une étude préliminaire réalisée chez une vingtaine de patients atteints de thalassémie et d’anémies transfusées d’étiologies autres montrent que le T2* mesuré sur l’IRM cardiaque augmente de façon significative en 1 an de traitement (de 18 ms à 23,1 ms) et ces résultats se confirment après 2 ans. Malheureusement, cette technique n’est pas encore étendue à tous les centres de radiologie. L’AMM dans les surcharges en fer post-transfusionnelles est attendue pour cette année, mais la poursuite des évaluations de l’effet de ce chélateur sur les organes cibles grâce notamment aux nouvelles techniques radiologiques est indispensable pour optimiser à terme la conduite et la surveillance du traitement.

Dr Delphine Réa

Références
Kattamis A (Athènes) : “Chelation in the context of the latest iron science.”
11th congress European Hematology Association (Amsterdam) : 15-18 juin 2006.

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