La LMC au 21e siècle

Depuis sa découverte, l'imatinib en monothérapie a fait preuve de remarquables résultats cliniques dans la leucémie myéloïde chronique (LMC). Cependant, la majorité des patients atteints de LMC en phase chronique (LMC-PC) gardent une maladie résiduelle positive sous traitement et la survie sans progression est intimement liée au maintien de la réponse thérapeutique. Les résistances primaires sont rares, mais existent, et des résistances secondaires dépendantes ou indépendantes de bcr-abl émergent. En conséquence, des stratégies thérapeutiques alternatives sont d'ores et déjà évaluées dans le cadre d'essais cliniques. Elles visent d'une part à améliorer les résultats actuels dans la LMC nouvellement diagnostiquée, et d'autre part à combattre les formes de la maladie résistantes à l'imatinib. Trois grands types de stratégies sont aujourd'hui à l'étude : l'imatinib en monothérapie à forte dose, l'imatinib en association à d'autres traitements anti-leucémiques (interféron, aracytine), et les nouveaux inhibiteurs de tyrosine kinase. Une 4ème stratégie potentielle est évoquée : le traitement séquentiel. Cette 3ème conférence European School of Haematology (ESH) sur la LMC, qui s'est déroulée du 11 au 13 novembre à Gênes, a couvert de nombreux aspects de la LMC fondamentaux et cliniques. Ici, sont présentés les résultats cliniques de 2 nouveaux inhibiteurs de tyrosine kinase, l'AMN107 et le BMS-354825 issus de la session intitulée « bcr-abl et autres stratégies thérapeutiques ». Les problèmes de suivi biologique et de l'émergence du mutant T315I sont aussi abordés. Il apparaît clairement que la prise en charge thérapeutique de la LMC et le suivi biologique sous traitement sont, quelques années après l'imatinib, à nouveau en pleine évolution. Le traitement optimal d'aujourd'hui et de demain reste à définir, mais si l'imatinib permet de contrôler la maladie à long terme chez une majorité de patients, avec son profil de tolérance tout à fait acceptable, il sera peut-être difficile de faire beaucoup mieux dans les phases chroniques de la maladie.