L’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) est une maladie d’évolution fatale. Elle peut être associée à la prise de substances telles que : flenfuramine ou dexflenfuramine. La prise de psychostimulants tels que cocaïne, amphétamine, méthamphétamine a déjà été évoquée en tant que « possible » facteur de risque pour l’HTAP dans des cas cliniques isolés.
La consommation croissante de ces produits a conduit Chin et coll à étudier de façon rétrospective une cohorte de patient suivis en Californie entre novembre 2002 et avril 2004, dans un centre spécialisé. Il s’agissait de mettre en évidence un risque significativement associé à la prise de substances psychostimulantes dans un groupe de patients souffrant d’HTAP idiopathique (n=97), comparativement à un de groupe de sujets atteints d’HTAP liée à d’autres facteurs tels que pathologie systémique, HTAP familiale, shunt artério veineux congénitaux, prise de flenfuramine, (n=106), ou comparativement à des malades présentant une HTAP post emboliques (n=137). Les patients séropositifs pour le VIH étaient exclus, ainsi que ceux porteurs de pathologies cardiaques ou pulmonaires chroniques. L’âge moyen dans les différents groupes était proche (47 ans, 49 ans et 53 ans) ainsi que les niveau de pression pulmonaire moyenne (50,2 mmHg, 42,2 mmHg, 46,5 mmHg, chiffres établis par cathetérisme).
Les utilisateurs de drogues psychostimulantes pour une durée supérieure à 6 mois, principalement la méthamphétamine étaient au nombre de : 28, 4 et 6 selon les groupes, soit , 28 % des HTAP idiopathiques, 3,8 % des HTAP avec facteur de risque associé, et 4,4 % des HTAP post emboliques.
Après ajustement pour l’âge, les patient atteints d’HTAP idiopathique avaient un odds ratio de 10,14 (3, 39-30,3 , p<0,0001), d’avoir pris des drogues psychostimulantes comparativement à ceux souffrant d’HTAP secondaire, et un odds ratio de 7,63 (2,99-19,95 , p<0,0001) comparativement aux malades avec HTAP post embolique. Certains avaient pris plusieurs sortes de substances, mais pour la prise de méthamphétamine seule, les odds ratios étaient de 7,73 (2,55-23,5, p<0,0002) et de 11,31 (3,34-40,3 , p<0,0001) respectivement.
Les données cliniques de cette étude rétrospective sont parfois incomplètes, surtout en ce qui concerne les durées précises de prise de drogues chez les patients porteurs d’HTAP secondaire. Des données potentiellement intéressantes sur les modes d’administration des substances (orale, IV, inhalée) et leurs possibles effets intrinsèques sont manquantes ou peu interprétables. Cependant au vu de ces chiffres et des données pharmacologiques connues, à savoir le relargage de substances vasoconstrictrices et le remodelage vasculaire secondaires à la prise de méthamphétamine et de cocaïne, on peut penser que ces substances jouent un rôle dans la survenue d’hypertensions artérielles pulmonaires considérées comme primitives. Il serait intéressant de conduire des études plus larges afin de mieux préciser ce lien.
Dr Isabelle Herry