Internet a toujours été un terreau pour le développement des théories révisionnistes. Ainsi ces dernières années ont vu le foisonnement du négationnisme, du créationnisme et plus récemment des théories du complot sur le 11 septembre. La santé publique n’est pas épargnée par le phénomène : l’une des théories les plus en vogue est celle contestant l’origine virale du sida.
Dans une étude publiée par la revue en ligne Public Library of Science (PLoS) deux chercheurs américains s’alarment de la propagation de ces théories sur la toile. Si la thèse niant la responsabilité du VIH n’est pas nouvelle, son impact rend difficile une lutte efficace contre la maladie, surtout en Afrique du Sud, où les positions révisionnistes ont pendant longtemps dominé au sommet de l’Etat.
Le retour en force d’une théorie ancienne
Le professeur de biologie moléculaire Peter Duesberg fut l’un des premiers à nier le lien entre le VIH et le sida en 1987. Le scientifique avançait l’hypothèse selon laquelle le sida était un regroupement de différentes maladies liées à l’usage de la drogue et à la consommation d’AZT. Pendant des années, l’Afrique du sud a motivé le refus de donner des traitements anti-VIH sur la base de ces travaux. A l’issue de la conférence de Durban en 2000 sur le sida, l’origine virale de la maladie a été solennellement réaffirmée par un collège de scientifiques, néanmoins cette déclaration ne permit pas de stopper définitivement la propagation des théories les plus fantaisistes.
Des affirmations persistantes, un danger pour la prévention
D’après l’étude publiée par Public Library of Science des groupes comme Reappraising AIDS («Repenser le sida ») ont permis la diffusion de théories alternatives, le plus souvent sans aucune argumentation scientifique, mais en avançant la thèse d’un complot organisé par « des laboratoires pharmaceutiques corrompus ». L’étude montre bien la perte de confiance à l’égard des scientifiques et des autorités. Il apparaît qu’aux Etats-Unis, « une large proportion des afro-américains ont désormais des doutes sur les théories dominantes sur le sida ». Dans leur conclusion, les scientifiques appèlent les autorités à délivrer un message clair pour briser les théories révisionnistes afin d’éviter de lourdes conséquences en matière de soin et de prévention dans les prochaines années.
C.H.