La minocycline a, en plus de ses propriétés antibiotiques, des
effets anti-inflammatoires et anti-apoptotiques démontrés in vitro.
Sur certains modèles murins de maladies dégénératives
neurologiques, ce médicament a permis d’augmenter la survie des
animaux traités.
Sur ces bases, plusieurs essais cliniques sont planifiés ou déjà en
cours pour évaluer l’action de la minocycline sur l’évolution de
diverses affections dégénératives neurologiques humaines contre
lesquelles il n’existe pas de traitements efficaces.
Les résultats de l’une d’entre elles, viennent d’être publiées en ligne par le Lancet Neurology.
Paul H Gordon et coll. de l’université de Columbia ont entrepris une vaste étude multicentrique randomisée contre placebo de la minocycline dans la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Les plus grands services de neurologie des Etats-Unis ont participé au recrutement des patients si bien que, malgré la rareté de l’affection, 412 malades ont pu être randomisés entre un traitement par minocycline (à doses croissantes allant jusqu’à 400 mg/j) et un placebo. L’essai a duré 9 mois. Le critère principal de jugement était la vitesse de détérioration du score d’une échelle d’évaluation fonctionnelle de la maladie (ALS functional rating scale ou ALSFRS-R).
Contrairement à ce que l’on espérait, la dégradation des patients a été significativement plus rapide sous minocycline que sous placebo (perte de 1,30 unités/mois en moyenne contre diminution de 1,04 sous placebo ; p=0,005). Sur certains des critères de jugement secondaires (déclin de la capacité vitale et de la force musculaire et survie), la minocycline a eu également un effet négatif, mais de façon non significative (par exemple risque de décès augmenté de 32 % en 9 mois avec un intervalle de confiance à 95 % entre – 17 et + 110 % ; p=0,23).
La ou les causes de cette aggravation paradoxale de la maladie restent à expliquer.
Ces résultats auront sans doute des conséquences immédiates sur les essais projetés ou en cours avec la minocycline dans d’autres affections neurologiques dégénératives. Ils invitent en tout état de cause à la plus extrême prudence dans la mise en place d’essais cliniques dans des affections dont la physiopathologie est très imparfaitement élucidée, même si on ne peut leur opposer actuellement de traitement efficace.
Dr Nicolas Chabert