Les conceptions actuelles sur la schizophrénie placent les dysfonctionnements cognitifs au centre de cette affection complexe. Les recherches en cours s’efforcent donc d’affiner les connaissances sur ce sujet, en particulier après traitement pharmacologique. Le programme MATRICS (pour Measurement and Treatment Research to Improve Cognition in Schizophrenia : évaluation et recherche thérapeutique pour améliorer les processus cognitifs dans la schizophrénie) concrétise une initiative des autorités sanitaires américaines (NIMH, institut national de la santé mentale) dont on espère des avancées significatives dans ce domaine.
Commentant certains de ces résultats, l’American Journal of Psychiatry évoque notamment l’élaboration d’un nouvel outil d’évaluation, le MCCB (Matrics Consensus Cognitive Battery). Explorant sept domaines du champ cognitif, cette batterie résume, en dix tests, une synthèse d’une centaine d’épreuves préalablement utilisées, mais n’offrant pas, jusqu’alors, une fiabilité suffisante ni une bonne compatibilité commune. Ce MCCB devrait être appliqué de façon consensuelle, pour remplacer les tests plus ou moins discordants qui foisonnaient auparavant. Il permettra notamment d’opérer des comparaisons significatives entre les publications des différentes équipes, en particulier en matière d’essais thérapeutiques, et il sera alors plus facile de convaincre les autorités sanitaires américaines (la Food and Drug Administration) du bien-fondé de l’activité d’un médicament sur la cognition, puisque cette efficacité sera désormais documentée sur une base d’évaluation convergente, unanimement reconnue et partagée. Le recours au MCCB permettra enfin de supprimer ce biais sur lequel venaient régulièrement buter les essais thérapeutiques dans cette maladie : les différences observées tiennent-elles réellement à l’effet du traitement, ou à la diversité des tests d’évaluation utilisés ?
Dr Alain Cohen
