Qu’est-ce qui rend les plaies chroniques…chroniques ? De nombreux facteurs ont été impliqués dans le retard à la cicatrisation des ulcères veineux et artériels et des plaies du pied diabétique qui semble peser de plus en plus dans la pratique quotidienne et sur la santé publique. Parmi ceux-ci G. James de Montana s’est particulièrement penché sur le rôle de l’infection considérée depuis de nombreuses années comme un des obstacles à la guérison.
Plus spécifiquement, c’est sur la notion de l’intervention d’un biofilm, conglomérat de micro-organismes à la surface de l’ulcère, qu’il a ciblé sa recherche. En effet l’examen microscopique de prélèvements à partir de plaies chroniques (n=50) et aiguës (n=20), obtenus lors du débridement chirurgical montre que les premières présentent significativement plus souvent un biofilm. L’analyse des ADN des bactéries isolées dans les plaies chroniques révèle la diversité des germes en cause incluant des bactéries strictement anaérobies. On note par ailleurs une prédominance des agents Gram négatif (Pseudomonas enterobacter par exemple) dans les ulcères veineux, alors que les plaies diabétiques sont préférentiellement colonisées par des cocci Gram positif et négatif (Staphylocoques, entérocoques) et les ulcères artériels par des cocci Gram positif anaérobies (Streptocoques, Petonophilus).
L’implication de ces organismes dans la chronicisation de la plaie, bien que suggérée, demeure cependant non démontrée. C’est tout l’intérêt de l’étude menée par cette équipe américaine qui a soumis in vitro des plaies expérimentales à l’exposition à un biofilm à Staphylococcus aureus, que d’apporter des arguments en faveur de cette hypothèse. Au bout de 24 heures, les plaies non exposées au biofilm étaient fermées dans près de 70 % des cas alors que ce n’était le cas que pour moins de 10 % de celles exposées au biofilm. Plus significatif encore : au bout de 72 heures toutes les plaies non exposées étaient fermées tandis que celles exposées au biofilm s’étaient étendues (seules 15 % étaient fermées).
Outre que ce modèle illustre le rôle probable des biofilms dans le retard à la cicatrisation, il peut également fournir un outil intéressant pour l’évaluation des traitements dirigés contre le biofilm.
Dr Marie-Line Barbet