L'enregistrement d'un Holter ECG des 24 heures est souvent pratiqué pour explorer des symptômes fréquemment bénins comme des palpitations, des malaises ou des syncopes. Ces derniers sont secondaires à une cause extra-cardiaque dans plus d'un tiers des cas. Ils peuvent cependant être liés à des anomalies cardiaques comme des troubles du rythme ou de la conduction et par la même nécessiter un traitement. Le caractère intermittent des symptômes rend aléatoire leur détection par un Holter. Il était donc intéressant, compte tenu de l'usage extensif qui est fait de cet examen dans ces indications, de mesurer sa rentabilité diagnostique.
Les auteurs ont pu examiner les données de 8 793 Holters consécutifs enregistrés entre 1992 et 2005 chez 7 394 patients (âge moyen 66±19 ans). Les deux indications les plus fréquentes étaient les pertes de connaissances (41,7 %) et les palpitations (36,2 %). Il n'a rien été retrouvé au Holter chez 83,6 % des patients en rythme sinusal (n=2688). Les anomalies mises en évidence étaient dans 6,6 % des cas une fibrillation auriculaire (Ac/Fa) paroxystique, dans 2,8 % des cas une tachycardie supra-ventriculaire (TSV) et dans 2,6 % une tachycardie ventriculaire (TV) soutenue ou non.
Lorsque l'on s'intéresse aux 3 075 patients explorés pour une perte de connaissance, on constate que les enregistrements étaient normaux dans 84,2 % des cas. Pour les autres étaient retrouvées une Ac/Fa paroxystique (9,5 % des patients), une TSV (2,6 %), une TV (0,2 %), des pauses supérieures à 2,8 sec (2,2 %) et un bloc auriculo-ventriculaires de haut degré (1,3 %). L'intérêt du Holter est apparu comme particulièrement limité chez les patients de 50 et moins, puisque dans cette population 93,1 % des tracés réalisés pour palpitations et 95,3 % pour perte de connaissance étaient normaux.
L'utilité du Holter de 24h pour diagnostiquer l’origine de palpitations et pertes de connaissance apparaît donc limitée, surtout chez les patients jeunes.
Dr Benoît Tyl