
Des observations cliniques à la physiopathologie
Le noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus représente une
sorte de « pacemaker » cérébral qui coordonne les rythmes
circadiens. La dérégulation des rythmes circadiens est une
caractéristique commune de certains troubles psychiatriques comme
la dépression, la manie ou la dépression saisonnière, et peut, pour
chacun de ces troubles, se manifester par une périodicité des
récurrences, des variations diurnes des symptômes, des réveils
matinaux
précoces ou des anomalies des rythmes du sommeil. Les anomalies des
rythmes circadiens chez les patients dépressifs ne se traduisent
pas uniquement sur le plan de la symptomatologie clinique, mais
affectent également les rythmes de sécrétion hormonale, les
variations nycthémérales de la température centrale ou de la
sécrétion de mélatonine. Dans la dépression, des anomalies du
sommeil sont classiquement décrites : insomnie, réveil matinal
précoce, anomalies des cycles veille/sommeil, toutes ces
modifications ayant été rapportées dans la dépression unipolaire et
bipolaire. Ces anomalies précéderaient les rechutes thymiques.
Certaines thérapeutiques pourraient avoir une efficacité
antidépressive médiée par une action sur les rythmes circadiens
comme les antidépresseurs, la privation de sommeil, la
luminothérapie, plus récemment, les agonistes des récepteurs
mélatonergiques, et même certaines psychothérapies visant à
stabiliser les rythmes circadiens.
De la physiopathologie au traitement ciblé
L’agomélatine dispose d’un profil d’action original. Il s’agit d’un agoniste des récepteurs mélatoninergiques MT1 et MT2 qui a également des propriétés antagonistes des récepteurs sérotoninergiques 5HT2c. L’agomélatine est proposée dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs caractérisés, avec plusieurs études de phase III versus placebo ou comparateurs disponibles. Son efficacité est supérieure à celle du placebo et au moins équivalente à celle observée avec les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) (et de la noradrénaline - IRSNA). Par contre, son profil de tolérance semble supérieur à celui des IRS ou des IRSNA, notamment avec une diminution des plaintes concernant les troubles du sommeil sans sédation diurne, et ce, dès la première semaine de traitement. Il n’existerait pas de risques liés à l’arrêt brutal du traitement par agomélatine.
Dr B.Etain