Le cannabis défonce… le parodonte !

Chez l’adulte, les affections du parodonte sont d’une grande fréquence. Elles occupent l’une des premières places parmi les maladies chroniques. Au travers des infections bactériennes, elles aboutissent à une inflammation chronique qui finit par atteindre les tissus en profondeur, provoquant la destruction du tissu de soutien et de l’os alvéolaire et mettant évidemment en péril la santé dentaire.

Dans les pays industrialisés, elles sont ainsi à l’origine de la fonte du capital dentaire.  Le tabagisme est l’un des premiers facteurs comportementaux capables d’entretenir et d’aggraver la situation, par l’intermédiaire de la nicotine et des autres substances toxiques contenues dans la fumée de tabac qui affectent les fonctions immunitaires et la réponse inflammatoire. Qu’en est-il avec le cannabis ? C’est à cette question que répond une étude de cohorte prospective réalisée en Nouvelle-Zélande au sein de la population générale, dans laquelle ont été inclus 1 015 sujets, nés en 1972 ou en 1973. La consommation de cannabis a été évaluée à 18, 21, 26 et 32 ans. Un examen dentaire a été en outre effectué à 26 et 32 ans. Les données soumises à l’analyse statistique qui ont été recueillies jusqu’en juin 2005 ont finalement concerné 903 des 1 015 participants.  L’état du parodonte a été précisé à l’âge de 32 ans, mais ses modifications entre 26 et 32 ans ont été également prises en compte, à partir de 3 sites prédéterminés pour chaque dent.

Trois groupes ont été constitués en fonction de la consommation de cannabis : nulle (n=293, 32,3 %), occasionnelle (n=428, 47,4 %) ou élevée (n= 182, 20,2 %).  A l’âge de 32 ans, 265 participants (29,3 %) avaient au moins une lésion parodontale de taille ≥ 4 mm, avec un début de descellement dentaire et 111 (12, 3 %) avaient  moins une lésion de taille ≥ 5 mm.

La fréquence des désinsertions dentaires entre 26 et 32 ans s’est avérée plus élevée dans les 2 groupes exposés au cannabis, respectivement 11,2 % (exposition occasionnelle) et 23, 6 % (exposition élevée) versus 6,5 % dans le groupe témoin. Après ajustement statistique en fonction du tabagisme chronique (en nombre de paquets-années), du sexe, de l’irrégularité des soins dentaires et de l’importance de la plaque dentaire, le risque relatif de désinsertion dentaire dans le groupe le plus exposé au cannabis a été évalué à 2,20 (1,60 pour au moins une lésion ≥ 4 mm et 3,10 pour au moins une lésion ≥ 5 mm, versus témoins). Le tabagisme a été également étroitement associé aux lésions du parodonte, mais aucune interaction significative n’a été mise en évidence entre ce facteur de risque et l’exposition au cannabis. 

Dr John Sorri

Référence
Thomson M et coll. : Cannabis Smoking and Periodontal Disease Among Young Adults. JAMA. 2008;299 :525-531.

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