Exclusif : pour la majorité des professionnels de santé, don de sperme et secret doivent continuer à rimer !

Paris, le mardi 29 juillet 2008 – La question figurera peut-être au menu de la prochaine révision des lois de bioéthique qui doit être débattue l’année prochaine : faut-il assouplir le principe d’anonymat absolu des donneurs de sperme ? Le débat est vif et récurrent, même si l’opinion générale reste plutôt tranchée sur la question. C’est ainsi qu’une enquête réalisée l’année dernière avait révélé que 79 % des Français sont favorables au maintien du principe d’anonymat. De même, en avril 2008, un sondage mené auprès d’étudiants en médecine avaient révélé que plus des deux tiers d’entre eux sont opposés à la levée de l’anonymat du don de gamètes. Du côté des études scientifiques, beaucoup ont mis en évidence que la fin du secret entraîne inévitablement, au moins initialement, une baisse du nombre de donneurs. D’autres ont mis en évidence qu’une majorité de famille préférait bénéficier d’un don provenant d’un donneur anonyme. Enfin, bien que la défense du droit de connaître ses origines soit devenue le cheval de bataille privilégié de certains, il n’est pas assuré que la levée de l’anonymat soit souhaitée par une majorité d’enfants nés grâce à ce type de dons. « Sur 50 000 enfants conçus grâce à un don de gamète, seuls 25 ont officiellement fait des démarches auprès des centres d’étude et de conservation du sperme » avaient ainsi indiqué l’année dernière lors d’une réunion à l’Assemblée nationale, Bernard Glose, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker. Il est vrai, cependant, que beaucoup s’interdisent probablement d’entreprendre des démarches dont ils pressentent l’inévitable échec.

Même à double guichet…

En dépit de ces différents indicateurs et alors que les exemples étrangers n’apparaissent pas tous couronnés de succès (à l’exemple des procès qui ont pu éclater en Suède ou des difficultés liées à la diminution du nombre de donneurs), la question continue d’animer périodiquement la France. Valérie Pécresse, lorsqu’elle n’était pas encore ministre de la Recherche, mais présidente en 2006 de la Mission parlementaire d’information sur la famille, avait déposé un texte de loi proposant que soit laissé aux donneurs le choix de lever ou non leur anonymat. De même, les familles pourraient préférentiellement opter pour un donneur anonyme ou pas. Ce système dit « à double guichet » existe aujourd’hui en Belgique et en Islande. Plus ingénieux sans doute que les dispositions allemandes, autrichiennes, suédoises, suisses, néerlandaises et britanniques où l’anonymat n’existe pas, ce système, qui n’est du reste pas à l’ordre du jour, pourrait cependant encore rencontrer de vives réticences en France. Les professionnels de santé interrogés sur notre site le mois dernier se déclarent en effet pour 60 % d’entre eux défavorables à une levée de l’anonymat des donneurs de sperme avec l’accord de ces derniers, alors que seuls 38 % approuvent un tel dispositif.

 

Pour découvrir les résultats du sondage, cliquez ici

A.H.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (1)

  • Don de sperme et anonymat

    Le 02 août 2008

    Quand la question s'est posée au Conseil de l'Europe, il y a quelques vingt ans, après l'affaire suédoise, mes collègues suisses m'ont fait connaître leur position: ils étaient favorables à la levée de l'anonymat, à ceci près que les archives n'étaient conservées chez eux que pour cinq années. Il est peu probable qu'avant cet âge le fruit du succès de la méthode réclame le nom de son père biologique...

    Professeur Colette
    Délégué de l'U.P.I.G.O. à Strasbourg

Réagir à cet article