
On pense de plus en plus que les malaises graves et la mort subite du nourrisson (MSN)*, au sens restreint du terme (1), sont deux entités cliniques distinctes.
N Esani et coll. attirent ainsi l’attention sur les différences qui existent entre leurs facteurs de risque respectifs (2). Plus exactement, ils ont examiné la prévalence des facteurs de risque de la MSN, qui sont parfaitement identifiés, dans un groupe de malaises du nourrisson, datant de 1994-1998, et comparé les valeurs trouvées à celles tirées de cinq séries de MSN basées en population, contemporaines.
Le groupe des « malaises » est constitué par 153 petits
nourrissons monitorés à domicile, après un malaise de cause
indéterminée, ayant motivé une stimulation (n=132), un bouche à
bouche (n=36), et/ou des compressions thoraciques (n=6).
Les séries de MSN ne sont pas poolées (l’une d’elles inclut plus de
10 000 décès).
Les comparaisons portent sur les Intervalles de Confiance à 95 %
(IC 95 %) des valeurs correspondantes.
Le pic d’âge des malaises précède celui des MSN. Environ les trois
quarts des malaises sont survenus avant l’âge de 2 mois (74 %, IC
95 %=67-81 %), à l’inverse des MSN, dans les deux séries
exploitables (27 %, IC 95 %=22-32 % ; 24 %, IC 95 %=18-31 %).
Les enfants qui ont fait des malaises présentaient moins souvent un
petit poids (PN <2,5 kg) ou une hypotrophie à la naissance que
les enfants décédés subitement. En revanche, ce sont aussi
fréquemment d’anciens prématurés (20 %).
La prédominance du sexe masculin est un peu moins marquée chez eux
(52 % versus 60 % dans la grande série de MSN), mais les
intervalles de confiance se recoupent.
Leurs mères sont rarement des adolescentes (5 % vs 11 % dans une
série de MSN), mais elles sont aussi souvent multipares et fumeuses
que les mères des MSN.
Un seul enfant est décédé sous moniteur. Le suivi des enfants monitorés n’ayant dépassé l’âge de 6 mois que dans 31 % des cas, il est possible que d’autres MSN n’aient pas été recensées.
En définitive, cet article relève quelques différences démographiques suggérant que les malaises graves et la MSN ne forment pas un continuum. Il ne met pas un point final à la question des liens entre les deux entités. Il est vraisemblable qu’il en sera ainsi tant que le mécanisme de la MSN n’aura pas été élucidé.
*Les ALTE (Apparent Life-Threatening Events) et le SIDS (Sudden Infant Death Syndrome) des anglo-saxons.
Dr Jean-Marc Retbi