Le diagnostic positif de la spondylarthrite ankylosante en pratique médicale courante, avant l’éventuelle prise en charge par un rhumatologue est souvent posé tardivement, du fait d’une sémiologie non spécifique, voire trompeuse. Rattacher une lombalgie à sa cause reste un exercice difficile, en partie car la distinction entre une lombalgie mécanique et une lombalgie inflammatoire n’est pas chose aisée, a fortiori quand les symptômes ont tendance à être subaigus, voire chroniques. Une enquête réalisée en pratique médicale courante, auprès de médecins généralistes exerçant à Norfolk, illustre le propos. Un questionnaire a été envoyé par courrier postal à tous les médecins de cette ville, l’objectif étant d’évaluer les performances diagnostiques face aux signes cliniques, radiologiques et biologiques devant évoquer une SPA dans un contexte de lombalgie chronique. L’utilité de diverses investigations a été au passage évaluée, de même que les éléments de la prise en charge de la maladie.
Au total, 62 % des questionnaires ont été complétés et retournés. Cinq pour cent seulement des médecins interrogés ont été capables de retrouver les huit critères devant mener au diagnostic de SPA. Quatre à huit de ces derniers ont été néanmoins identifiés comme tels par 78 % des participants (17 % en ont retenu moins de 4). La signification relative des antécédents familiaux, de la positivité du HLA-B27, des anomalies radiographiques et l’utilité de la physiothérapie ont été diversement appréciées par les médecins. La recherche des signes associés à la SPA s’est avérée limitée. Le recours aux tests diagnostiques et la prise en charge de la maladie ont été quelque peu inconsistants, tout particulièrement pour ce qui est de la rééducation destinée à améliorer les troubles musculosquelettiques, ceci dans la majorité des cas.
Cette enquête, avec ses limites méthodologiques, révèle des lacunes dans le diagnostic et la prise en charge de la SPA en pratique médicale courante. Pour remédier à cette situation, il faudrait mieux informer les médecins des stratégies optimales et recourir à des algorithmes diagnostiques performants, pour faciliter le diagnostic précoce de cette maladie.
Dr Philippe Tellier