Les PR sont des maladies codées génétiquement (pour environ 66 %), mais les 6 ou 7 gènes favorisants reconnus à ce jour n’expliquent que 25 % à 30 % de la maladie : bien d’autres gènes restent donc à découvrir ou à confirmer, comme peut-être le gène du récepteur à l’IL-7R (1), et ce tant dans les PR avec anticcp que dans les PR sans anticcp, car la part génétique est comparable dans ces deux entités (2).
Il apparaît toutefois déjà que les PR avec anti-ccp sont associées à un profil de gènes favorisants (HLA-DR, HLA-DPB1, PTPN22, C5-TRAF1) (3) bien différent de celui des PR « séronégatives » (IRF-5, STAT-4). Le bien-fondé de cette dichotomie a encore été confirmé par la mise en évidence d’une association entre PR avec anti-ccp et diabète de type 1 (OR de 3,3 ; IC95 % : 1,6 à 6,8), aucune relation n’ayant en revanche été notée avec les PR sans anti-ccp (OR de 1,1 ; IC95%: 0,4 à 3,6) (4). Ces PR avec anti-ccp sont favorisées par l’exposition au tabac (5), une grande consommation de café (6), et un taux bas de vitamine D (7).
Certaines des PR « séronégatives » seraient donc plutôt des formes de passage avec les lupus, ou les formes périphériques de SpA, comme suggéré par l’association de STAT-4 avec ces deux pathologies (8). Ceci pose un problème d’homogénéité, car dans beaucoup d’études cliniques la définition des PR est fondée sur les vieux critères de l’ACR, les pourcentages de « vraies » PR avec anti-ccp pouvant de ce fait beaucoup varier selon les travaux, en particulier dans le contexte des PR débutantes.
Ainsi, dans une étude de 21 cas de PR faisant suite à une infection par le virus Chikungunya, avec une durée de symptômes de 10 mois (4 à 18), des FR ont bien été retrouvés dans 57 % des cas, mais seulement 28 % des patients avaient des anticcp, même si HLA-DRB1 01 ou 04 étaient présents chez 66 % d’entre eux, et que des lésions radiologiques ont été constatées dans 57 % des cas (9).
Il ne faut toutefois pas se fier qu’aux anti-ccp pour diagnostiquer une « vraie » PR, et garder à l’esprit la possibilité d’autres causes de positivité des anti-ccp (et des FR), en particulier les infections par mycobactéries.
En effet, des anti-ccp et des facteurs rhumatoïdes ont été identifiés dans 7 % et 10 % de 57 tuberculoses pulmonaires et 0 % et 11 % de 35 infections par mycobactéries atypiques (10), à ne pas traiter d’emblée par anti-TNF ! Par ailleurs la présence conjointe de FR et d’anticcp peut être notée chez 3 % des individus sains (11).
Dr J.-M. Berthelot
1. A. Barton et coll. : Novel
RA susceptibility genes identified in a UK population.
2. D. van der Woude et coll. : Quantitative heritability of acpa-positive and
acpa-negative rheumatoid arthritis.
3. F. Kureeman et coll. : Linkage evidence for the
traf1/c5 region as a susceptibility locus for rheumatoid
arthritis
4. M. Gunnarsson et coll. : Type 1
diabetes mellitus is associated with anti-ccp positive rheumatoid
arthritis
5. C. Salliot et coll. : Smoking
is a risk factor of production of anti-ccp and diagnosis of ra only
in patients who carry hla-drb1: results from the espoir
cohort
6. M.D. Mjaavatten et coll. : Ccp2-antibody positivity and high intake of coffee
predicts progression to rheumatoid arthritis (ra) in patients with
undifferentiated inflammatory arthritis (ua): results from a
norwegian early arthritis study
7. M. Ordoñez et coll. : Vitamin
d status and bone remodeling marker ctx-i in patients with early
rheumatoid arthritis (ra). Association with
disease activity and joint damage
8. R.D. Inman et coll. : Association of stat4 variants and ankylosing
spondylitis (as)
9. E. Bouquillard et coll. : Rheumatoid arthritis after chikungunya fever
10. M. Lim et coll.: Anti-cyclic citrullinated
antibodies and rheumatoid factor in mycobacterium infection
including tuberculosis and mycobacterium other than tuberculosis
(mott) infection
11. S.L.E. Ribeiro et coll. : Anti-cyclic citrullinated
peptide antibodies and rheumatoid factor in sera of patients with
leprosy-associated articular involvement
EULAR 2008 (Paris) : 11-14 juin 2008.