
Les patients épileptiques sont plus à risque d’accidents. Il est classiquement recommandé de les prévenir du risque de perte de connaissance et d’accidents sérieux dans les circonstances comme la conduite automobile, le travail en hauteur ou autre milieu dangereux et surtout du risque de noyade. Mais ces avertissements sont ils vraiment pris au sérieux ? Dans Neurology, est publiée une étude, réalisée par une équipe Londonienne, sur le risque de noyade en cas d’épilepsie. Les auteurs ont effectué une méta-analyse de la littérature internationale et comparé ses résultats aux données du registre anglais.
Cinquante et une cohortes de patients, correspondant à 207 000 patients-années de suivi ont été incluses dans cette méta-analyse. Quatre-vingt-huit décès par noyade ont été rapportés dans les différentes études. Le Ratio Standardisé de Mortalité (RSM), (nombre de décès par noyade observés / nombre de décès par noyade attendus), est apparu multiplié par 18,7 chez les patients épileptiques par rapport à des personnes non épileptiques. Les données des études ne permettent pas de conclure quant aux lieux et circonstances préférentielles des noyades. Cependant, le risque de décès par noyade est plus important dans certaines populations : patients avec troubles de l’apprentissage (RSM 25,7), patients institutionnalisés (RSM 97), après lobectomie temporale pour épilepsie pharmacorésistante ! (RSM 41,1). Le RSM est moins élevé dans les cohortes d’enfant, suggérant le rôle bénéfique de la surveillance par les parents. Enfin, le RSM (5,4) est plus faiblement augmenté chez les épileptiques nouvellement diagnostiqués.
En conclusion de cette étude, il apparaît que les noyades expliquent 5 % des décès des patients épileptiques et que les patients épileptiques ont un risque de noyade multiplié par 15 à 19. Une étude plus modeste a été effectuée récemment en Inde. Deux cent cinquante et un patients ont répondu à un questionnaire les interrogeant sur les accidents ou traumatismes subits pendant les douze mois précédents : 0,4 % d’entre eux ont rapporté qu’ils avaient failli se noyer. Les traumatismes étaient beaucoup plus fréquents (44,8 %) et 3,1% ont eu un accident de la circulation. Tous ces travaux rappellent que la prescription de médicaments antiépileptiques doit être accompagnée d’une éducation du patient leur précisant que les traitements bien conduits diminuent le risque mais ne le font pas disparaître et qu’il est nécessaire de rester prudent dans ces circonstances (idem pour les adultes…)
Dr Christian Geny