La colposcopie est l’examen de référence pour le diagnostic des lésions du col utérin. Indiquée après un frottis anormal, notamment quand une contamination par le HPV a été détectée, elle permet des biopsies dirigées. La précision et l’exactitude de cet examen sont cependant remises en cause. Celui-ci serait très subjectif, soumis à des variations inter et même intra-individuelles, quelle que soit l’expérience du praticien, et relèverait plus de l’art que de la science. L’index colposcopique, prenant en compte les différentes caractéristiques de la lésion (couleur, aspect des marges et de la surface, atypies vasculaires, imprégnation à l’iode) devrait pourtant diminuer la subjectivité des interprétations et améliorer les performances de l’examen.
Mais les critiques ne visent pas seulement les résultats de la colposcopie. La biopsie colposcopique fait elle aussi l’objet de soupçons : il n’existerait qu’une faible corrélation entre les résultats des biopsies et les lésions existantes. C’est bien en tous cas ce que suggère cette étude (2) effectuée sur 319 patientes, où les résultats des biopsies colposcopiques ont été comparés à ceux de l’analyse histologique des pièces de conisation.
Dans 41 % des cas, la biopsie a sous-estimé la gravité de la lésion.
Sur les 82 lésions CIN 3, 33 % étaient données comme négatives par la biopsie colposcopique, 15 % comme des lésions CIN 1 et 18 % comme des lésions CIN2.
Au total donc, 66 % des lésions CIN3 n’étaient pas données
comme telles par la biopsie précédant la conisation.
Inversement, 15 % des biopsies négatives, 15 % des lésions données
comme CIN1 à la biopsie et 48 % de celles données comme CIN2
étaient en réalité des CIN3.
On peut s’étonner, au vu de ces résultats peu convaincants, que la colposcopie et la biopsie colposcopique soient les examens de référence pour la prise en charge des frottis anormaux. C’est que pour le moment, aucun autre examen ne peut les remplacer. Certains auteurs suggèrent alors la pratique de biopsies multiples, qui pourrait améliorer la fiabilité de l’examen, ainsi que des biopsies à l’aveugle dans les cas où la zone de transformation n’est pas visible (1). Au risque toutefois d’augmenter l’inconfort de l’examen et les risques de complication.
Dr Roseline Péluchon