Deux ans après la fin de l’épidémie de chikungunya qui a frappé La Réunion et Mayotte, nous continuons de tirer les enseignements d’une épidémie inattendue et exceptionnelle. Cette épidémie a mis à l’épreuve non seulement toute une population, mais aussi l’ensemble des systèmes de surveillance et de gestion sanitaires et sociaux. Dans un bilan qui fait suite au colloque « Chikungunya et autres arboviroses en milieu tropical »* tenu les 3 et 4 décembre 2007 à La Réunion, ce numéro confirme la validité globale des options prises en matière de surveillance et de gestion. Il montre la réactivité et la robustesse des systèmes de surveillance épidémiologiques et entomologiques utilisés à La Réunion, la validité du système de surveillance de la mortalité et la rapidité avec laquelle l’alerte a été donnée sur les formes atypiques et graves et sur la transmission materno-foetale. Il montre aussi que cette réactivité n’est acquise que si elle repose sur un maillage territorial serré, allant de la Cellule interrégionale d’épidémiologie (Cire) aux professionnels de santé de tous horizons. Il confirme aussi l’importance de disposer de plans de surveillance, de prévention et de contrôle qui soient multidisciplinaires, élaborés, testés et mis à jour régulièrement pour faire face à une situation épidémique inattendue. Ces plans doivent être étroitement adaptés aux spécificités de chaque région, notamment pour l’outre-mer. Il rappelle néanmoins, au travers du bilan de la lutte antivectorielle, que quel que soit l’engagement des professionnels et des institutions, engagement qui a été considérable à La Réunion et Mayotte pendant l’épidémie, les meilleurs plans de préparation trouveront leurs limites en l’absence d’une mobilisation de la population dans son ensemble. Il rappelle aussi que, même si de nombreuses pistes ont été ouvertes depuis deux ans, autant de questions restent sans réponse, que ce soit sur le virus lui-même, sur le vecteur et sa plasticité, sur les formes atypiques et leurs facteurs de risque, sur les conditions exactes de la transmission, et bien sûr sur les facteurs socio-cognitifs qui font obstacle à la mobilisation complète de la populatio
Voir : http://www.invs.sante.fr/beh/2008/38_39_40/beh_38_39_40_2008.pdf