La rétinopathie du prématuré en ligne de mire

Sur le plan étiologique, la rétinopathie du prématuré (RP) paraît multifactorielle. Elle est actuellement cantonnée aux très grands prématurés, de poids de naissance inférieur à 1 000 g et constitue un facteur essentiel des complications ophtalmologiques de ces enfants. Le rôle de l’oxygénothérapie est bien connu. Une communication de JE Sears et coll. (1) a comparé les résultats d’une modification du protocole d’oxygénothérapie. La première année, l’oxygène a été administré de façon à maintenir le taux de saturation au dessus de 95 % (SaO2>95 %). Tandis que la seconde année, les examens ont été pratiqués avec des SaO2 de 87 à 92 % pour les prématurés d’âge gestationnel (AG) inférieur à 34 semaines et de 92-97 % pour les prématurés d’AG supérieur à 34 semaines. Sur les 190 nourrissons étudiés, l’incidence de la RP a diminué de 35 % à 13 % sur un an (p<0,001), et l’incidence des formes sévères de stade 3 de 11 % à 2 % (p=0,021), sans modifications de la fréquence des pathologies générales.

Le rôle de l’érythropoïétine (EPO), utilisée fréquemment pour traiter l’anémie des grands prématurés, a été évoqué dans le travail de S. Tatsuhiko et coll (2). Les auteurs ont analysé par ELISA, le taux d’EPO dans le vitré de 44 yeux de 30 prématurés nés à 25 semaines d’AG (22 à 33). Ces enfants ont subi une vitrectomie à 44 semaines d’AG en moyenne, en raison d’une RP avec décollement de rétine (stade 4a et b et 5). Les taux d’EPO ont été comparés à ceux de 4 enfants opérés de cataracte congénitale. Ces taux étaient très augmentés (p<0,001) alors que le traitement par EPO était interrompu depuis au moins une semaine. Ces taux étaient également corrélés avec le degré de prolifération vasculaire et inversement corrélés avec le temps écoulé depuis la photocoagulation, utilisée en première étape. Ces résultats suggèrent que l’EPO puisse jouer un rôle pathogénique. Par ailleurs, une autre étude a montré que certaines mutations (double mutation du gène Fzd4) semblent augmenter le risque de RP sévère (3).

Le traitement des stades les plus avancés comporte une photocoagulation laser dans les formes étendues avec néo vascularisation extra rétinienne et dilatation vasculaire (stade 3+). AS Banker et coll. (4) ont étudié l’effet de l’injection dans le vitré d’un « anti-vascular endothelial growth factor » (anti-VEGF) : bevacizumab (n=24), ou pegaptanib(n=6) sur 30 yeux : 22 traités par laser, 8 sans laser. Les enfants avaient un poids de naissance de 700 à 962 g et un terme de 24 à 27 semaines. Les examens de surveillance ont eu lieu après le premier jour puis chaque semaine.

La néo vascularisation et  les lésions associées ont régressé dans la totalité des cas. Au cours du suivi, aucune lésion évolutive n’a été rapportée et aucune intervention n’a été nécessaire. De plus, il n’a été enregistré aucun effet secondaire local ou général.

Les anti-EGF dans le vitré paraissent ainsi représenter un traitement prometteur dans les formes sévères de RP.

Dr Jean-Jacques Baudon

Références
(1) Sears JE et coll. : How Does a Change in Oxygen Supplementation Affect the Incidence of ROP?
(2) Tatsuhiko S et coll. : Vitreous Level of Erythropoietin in Eyes With ROP
(3) Vinekar AS et coll. : Compound Frizzled 4 (FZD4) Gene Mutations as a Marker of Poor Outcome of ROP
(4) Banker AS et coll. : Intravitreal Antivascular Endothelial Growth Factors for Severe ROP

American Academy of Ophtalmology annual meeting (Atlanta) : 8 – 11 novembre 2008.

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