Infections virales contractées en pédiatrie

Les infections nosocomiales (IN) virales pédiatriques sont liées aux épidémies qui sévissent en communauté. Elles peuvent se déclarer à l’hôpital ou après le retour au domicile si leur période d’incubation est longue et/ou la durée de séjour brève.

Les IN à rotavirus et à virus respiratoire syncytial (VRS) sont les plus fréquentes dans les services de pédiatrie. Elles surviennent pendant la période de surcharge hivernale de ces services, ce qui rend difficile l’application des mesures de prévention.

Les IN digestives à rotavirus affectent surtout des petits nourrissons (0 à 5 mois), mais un tiers d’entre elles sont asymptomatiques, ce qui favorise la dissémination du virus.

La contagion est féco-orale, avec un manuportage intermédiaire. Les mesures de prévention ont une efficacité limitée vu la contagiosité du virus. En dépit de l’absence de données sur les prolongations de séjour et les surcoûts dus à ces IN, on peut penser que la vaccination contre les rotavirus serait rentable.

Les IN respiratoires à VRS surviennent en général avant l’âge de 2 ans. La contagiosité du VRS (taux d’attaque de 45 % autour d’un cas en l’absence de mesures de prévention) et le fait qu’il ne procure qu’une immunité transitoire expliquent sa dissémination dans les services. Des formes graves se voient chez les nouveau-nés, surtout prématurés, les enfants porteurs de dysplasie bronchopulmonaire ou de cardiopathies congénitales et les immunodéprimés.

Le VRS est excrété dans les secrétions respiratoires. Il est transmis directement par les grosses particules respiratoires (pas par les gouttelettes de Pflüge) ou indirectement car il survit sur les surfaces, les blouses. Il peut aussi être transmis par le personnel soignant infecté et porteur d’une rhinite ou d’une conjonctivite.

La prévention des IN à VRS repose sur des mesures barrière (lavage des mains ; port de gants, blouses, masques et lunettes ; décontamination des surfaces) et le regroupement des enfants infectés, pris en charge par des équipes dédiées.

La grippe peut donner des petites épidémies dans les unités de néonatologie. Son meilleur moyen de prévention est la vaccination des enfants à risque et du personnel.

A partir d’un cas admis, la varicelle et la rougeole peuvent se propager dans les services de pédiatrie. La varicelle est potentiellement grave chez les enfants immunodéprimés.
Une transmission intra-hospitalière a été également rapportée pour les adénovirus, les entérovirus, le cytomégalovirus et le parvovirus.

Comme cela a été dit pour le VRS, le personnel peut contracter les infections virales des enfants hospitalisés.

Un nouveau-né de 12 jours, décédé en 36 heures d’une infection à adénovirus de type 29, avec hémorragie pulmonaire, a été à l’origine de kératoconjonctivites secondaires chez trois soignants en contact direct avec lui. L’adénovirus a été isolé par culture dans les poumons et détecté par PCR dans le pharynx et le sang de l’enfant ; et il a été isolé des prélèvements oculaires des soignants.

Cette observation démontre a contrario l’importance du respect des mesures de protection lors de l’intubation et des soins en réanimation respiratoire et des mesures d’hygiène générale, qu’il s’agisse d’adénovirus ou d’autres virus à tropisme respiratoire.

Dr Jean-Marc Retbi

Références
Floret D : Infections nosocomiales virales en pédiatrie et
Henquelle C et coll. : Infection néonatale fatale à adénovirus et kératoconjonctivites secondaires chez les soignants dans un service de réanimation.
28e Réunion Interdisciplinaire de Chimiothérapie Anti-infectieuse (Paris) : 4 – 5 décembre 2008.

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