Victime d’agression sexuelle facilitée par la drogue…mais quelle drogue ?

La soumission chimique est définie comme l’administration, à l’insu de la victime ou sous la menace, de substances psychoactives à des fins criminelles (viol…) ou délictuelles (violences volontaires, vol).

Au Canada, une équipe de chercheurs a voulu déterminer la prévalence des agressions sexuelles soupçonnées d’avoir été facilitées par la drogue, les facteurs qui leur sont associés et les différences éventuelles avec les autres cas d’agression sexuelle.

Entre juin 2005 et mars 2007, dans sept centres de traitement pour victimes d’agressions sexuelles, ils ont réalisé un dépistage auprès de 977 d’entre elles pour déterminer si elles avaient droguées.

Les auteurs ont défini la «victime d’agression sexuelle facilitée par la drogue» comme une patiente s’étant présentée dans un établissement de santé dans les 72 heures environ suivant une agression et pour laquelle on retrouvait au moins une raison valable de penser qu’elle avait été droguée avant de subir celle-ci. Pour cela, ils ont établi une liste de 16 symptômes faisant suspecter une agression sexuelle facilitée par la drogue (blessures inexpliquées, lésions génitales, impression que quelque chose de sexuel s’est passé, amnésie totale ou partielle, confusion…).

Ils ont utilisé un modèle de régression logistique pour comparer les victimes d’agressions sexuelles soupçonnées d’avoir été préalablement droguées à d’autres victimes d’agressions sexuelles.

Au total, 882 personnes ont été jugées admissibles à l’étude. Parmi elles, 855 (96,9 %) étaient des femmes et 184 (20,9 %) pouvaient être considérées comme ayant subi une agression sexuelle sous l’emprise d’une drogue.

Par rapport aux autres, ces victimes étaient significativement davantage susceptibles d’avoir consulté dans un grand centre urbain, d’être à la recherche d’un travail, d’avoir pris des médicaments en vente libre dans les 72 heures précédentes et d’avoir consommé de l’alcool avant l’agression.

Cette étude, aux limites non négligeables : amnésie des victimes ne pouvant préciser certains faits, recrutement des victimes avec absence d’analyses toxicologiques, a par ailleurs fait l’objet de commentaires dans la même revue par le Dr Welch2 et Butler2 qui souhaitaient préciser que l’alcool n’était pas l’unique facilitateur des agressions sexuelles mais que les drogues (benzodiazépines, cocaïne, GHB,…) étaient également utilisées très fréquemment.

Les agressions sexuelles soupçonnées d’avoir été facilitées par la drogue sont un problème fréquent et restent sous-estimées. Il est recommandé par les deux équipes d’y penser et de réaliser au moindre doute un examen clinique, des prélèvements sanguins et urinaires sans oublier de faire une recherche au niveau des cheveux un mois après la survenue de l’épisode de soumission chimique.

Dr Frédérique Doriat

Références
1- Du Mont J et coll. : Factors associated with suspected drug-facilitated sexual assault. CMAJ, 2009 ;180 : 513-519
2- Butler B, Welch J. : Drug-facilitated sexual assault CMAJ, 2009 ;180 : 493-494.

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