White is dangerous

Dakar, le lundi 25 mai 2009 – La fascination pour la beauté de la femme occidentale continue à faire des ravages à travers le monde. On sait ainsi comment dans les pays asiatiques, nombreuses sont celles qui non contentes de se teindre les cheveux subissent des interventions chirurgicales pour se « débrider » le regard. Dans les pays africains, c’est le marché des crèmes éclaircissantes qui ne connaît pas la crise. A n’importe quel prix, les femmes qui demeurent persuadées que la peau claire séduit plus certainement la gent masculine que les peaux brunes les utilisent. Ainsi, dans ces pays où les revenus sont particulièrement limités, beaucoup n’hésitent pas à engouffrer leurs économies dans cette entreprise peu claire : une jeune sénégalaise rencontrée par des journalistes de l’AFP ces dernières semaines a ainsi raconté comment elle dépensait 40 000 francs CFA (61 euros) par mois pour sa dépigmentation, ce qui représente l’équivalent du salaire minimum dans son pays.

De l’acné au décès

Le prix à payer peut également être d’y laisser sa peau : de nombreuses complications dermatologiques sont en effet associées à ces crèmes. Deux substances sont notamment en cause dans les cas les plus fréquents et les plus graves, au premier rang desquels l’hydroquinone. Il s’agit d’un composé organique aromatique apparenté au phénol, utilisé comme dépigmentant, mais qui est interdit depuis 2001 dans toute l’Union européenne. Dans les pots de crème vendus sur les étals en Afrique, il est souvent l’ingrédient le plus recherché. Par ailleurs, à ces cocktails à base d’hydroquinone et de plantes, certaines ajoutent fréquemment des corticoïdes à des doses dangereuses. Les effets de ces pommades peuvent être nombreux : la dermatologue Suzanne Oumou Niang, à l’hôpital Aristide le Dantec à Dakar cite des cas d’acné, de tâches noires, de vergetures ou encore d’abcès. Elle ajoute par ailleurs : « Le risque de décès est surtout lié aux infections sévères de la peau, principalement dues aux corticoïdes, qui peuvent se généraliser ». Pour le professeur Niang, le problème est loin d’être anodin, elle estime en effet que dans son service : « 60 % des cas d’infections sévères et profondes de la peau sont liés à l’application de dépigmentant ».

Vigilance également en France

Les complications ne se limitent d’ailleurs pas uniquement à la sphère dermatologique. Une étude menée en 2006 à la maternité de l’Institut d’hygiène sociale à Dakar avait démontré que les femmes utilisant des corticoïdes à outrance pour éclaircir leur peau donnaient souvent naissance à des enfants de faible poids, selon l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle. Par ailleurs, de véritables phénomènes d’addiction peuvent être redoutés. C’est notamment le sentiment du docteur Antoine Petit, à l’hôpital Saint Louis de Paris, qui tient depuis quatre ans une consultation de dermatologie dédiée aux femmes utilisant des éclaircissants. Le phénomène en effet ne se limite pas uniquement à l’Afrique subsaharienne. En France, les boutiques qui font commerce de crèmes illégales sont dans le collimateur de la justice, tandis qu’en novembre dernier un élu au conseil de Paris a demandé que soit organisée une campagne d’information et de prévention sur le sujet. Au Maroc, également, les autorités sanitaires veillent, notamment après une série de « notifications d’effets indésirables » liée à l’utilisation d’une crème éclaircissante baptisée Shirley.

L.C.

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