
Paris, le mardi 26 mai 2009 – L’épidémie grippale liée au nouveau virus A (H1N1) connaît ces derniers jours une progression ralentie. Néanmoins, 493 nouveaux cas ont été recensés au cours des dernières quarante-huit heures. Le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), disponible ce mardi 26 mai fait donc état de 12 515 personnes touchées, dans 46 pays différents et d’au moins 91 décès. Les Etats-Unis et le Mexique restent les deux pays les plus touchés, mais l’Europe enregistre quotidiennement de nouveaux cas, à l’instar de la France qui dénombre désormais 19 patients infectés sur son sol : aucun d’entre eux ne souffre d’une forme sévère.
La grande muette pré positionne
Si le recensement quotidien des patients pour lesquels a été officiellement posé le diagnostic d’infection par le virus à A (H1N1) suscite aujourd’hui moins de curiosité et de fébrilité qu’il y a quelques semaines, des questions demeurent quant à la préparation de la France et de ses services de santé face à cette pandémie que tous annoncent comme inévitable.
Ainsi, concernant l’approvisionnement des pharmacies à usage intérieur (PUI), les informations mises à disposition du grand public par les autorités sanitaires sont restées très limitées. On sait cependant que l’armée occupe dans ce domaine une place prépondérante. Depuis que la France a commencé à se préparer à une pandémie grippale, la pharmacie centrale des armées (PCA) située près d’Orléans a en effet joué un rôle crucial. C’est elle qui a été chargée du stockage des 42 millions de traitements d’antirétroviraux, le plus souvent sous forme de poudre, à charge pour elle de les transformer en comprimés sécables le moment venu. Avec le passage de la France en situation de phase 5A (qui correspond à l’actuel niveau 5 d’alerte de l’OMS), une première vague d’approvisionnement des établissements de santé de l’ensemble du territoire a été initiée. Elle se serait déroulée dans la plus grande discrétion du 27 avril au 2 mai et aurait concerné certains hôpitaux, les SAMU et les services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR). La grande muette se borne à indiquer que des stocks de masques et de traitements antiviraux ont été « pré positionnés ». Il est cependant impossible de connaître le nombre de masques FFP2 et de traitements ayant été effectivement acheminée. Du côté des pharmaciens d’officine, on sait que beaucoup on fait part d’une rupture de stocks d’antiviraux actifs contre ce virus et de masques et que les industriels ont été priés à la fin du mois d’avril de réserver leur production aux autorités de santé.
La phase 5A semble marquer un tournant
Outre ces rares informations que délivrait notamment il y a quelques jours le Monde, le détail du plan « pandémie grippale » indique que dès les phases 3A et 3B (cas humains isolés à l’étranger et/ou en France), est décidé un « renforcement des capacités de production de masques par l’industrie française ». C’est également à ce stade qu’est étudiée la « mise en place de stocks dans les établissements de santé et autres lieux de stockage ». Il faut cependant attendre la phase 4B et la phase 5A, c'est-à-dire le niveau d’alerte actuellement activé pour que soient « mises en œuvre des mesures de sécurisation des établissements de production et de stockage de moyens de protection et produits de santé, des établissements de santé, des pharmacies, des médecins de ville ». De même la « détermination au niveau départemental, des établissement de santé devant abriter des stocks de sécurité (masques et produits de santé) » n’est réalisée qu’en phase 5A. Le plan révèle encore que ce niveau d’alerte suppose que soit pratiquée une « vérification du prépositionnement des produits de santé et des équipements de protection » et que sont « identifiés en liaison avec les préfectures et les collectivités locales, des sites de stockage disponibles susceptibles d’être utilisés pour les déchets d’activités de soins à risques infectieux, en cas de crise ». Outre ces mesures organisationnelles, le plan se montre discret sur la question de l’approvisionnement des pharmacies centrales, question qui semble presque relever du secret défense.
Nous tenterons d’y revenir dans quelques jours avec des
informations plus précises.
A.H.