Les fractures de hanche chez le sujet âgé sont un véritable problème de santé publique avec un retentissement majeur en termes de morbi-mortalité et d’institutionnalisation des individus vivant à domicile. Leur prévention passe non seulement par la lutte contre l’ostéoporose mais aussi par la prévention des chutes, à l’origine de la plupart des fractures.
Chez un senior, après et mieux encore avant la chute, l’interrogatoire, l’examen clinique complet et un bilan adapté sont nécessaires pour identifier les facteurs de risque modifiables. Les causes de chute peuvent être classées de la façon suivante : pathologies médicales aiguës ou chroniques, iatrogénie médicamenteuse, carences nutritionnelles et facteurs environnementaux.
Une stratégie de réduction du risque de chutes doit s’attaquer à tous les facteurs de risque modifiables identifiés. Pour cela, une prise en charge multidisciplinaire est souvent indispensable, en particulier quand des difficultés à la marche, des troubles de l’équilibre, des problèmes environnementaux et/ou une limitation des activités de la vie quotidienne sont associés.
Dans une étude contrôlée randomisée chez 300 sujets âgés vivant à domicile, l’approche multifactorielle a prouvé son efficacité. Les chutes ont diminué significativement de 31 % à un an, après modification des facteurs de risque identifiés : révision de la prescription médicamenteuse, rééducation à la marche et à l’équilibre, entraînement des fonctions déficitaires, aménagement du domicile, proposition d’aides techniques. Chez des seniors adressés aux urgences à la suite d’une chute une étude britannique a constaté une diminution significative et persistante du nombre de chutes au cours du suivi, dans le cadre d’un programme structuré comportant une surveillance médicale et une prise en charge ergothérapique à domicile. Les résultats de plusieurs travaux sont concordants sur l’efficacité d’une telle approche multifactorielle sur le risque de chute.
La prise en charge du chuteur doit néanmoins rester personnalisée et plusieurs facteurs de risque méritent une attention particulière. Certains programmes d’exercices personnalisés peuvent diminuer chutes et lésions. L’arrêt des psychotropes diminue aussi le risque individuel de chutes de façon significative, mais leur arrêt définitif n’est pas toujours possible. Les troubles visuels doivent être corrigés quand c’est possible : la réalisation prioritaire d’une intervention pour cataracte a permis de diminuer significativement le taux de chutes de 34 % et le taux de fractures de 77 % chez ces opérés, par rapport aux sujets restés en liste d’attente. Enfin, les chutes avec syncope et celles qui demeurent inexpliquées après un premier bilan méritent d’être explorées en milieu spécialisé pour éliminer une cause cardiogénique.
Dr Odile Biechler