Des drinks pas « soft » pour la pression artérielle !

Le fructose obtenu à partir du sirop de maïs est un composant important des sodas et jus de fruits aux USA. Les boissons sucrées représentent, pour les adolescents 300 Kcal/jour, 13 % en moyenne de leurs apports énergétiques. Le fructose est métabolisé uniquement par le foie où il induit un catabolisme des nucléotides responsable d’hyperuricémie, marqueur de risque cardiovasculaire et potentiellement d’hypertension artérielle.

Une vaste enquête menée sous l’égide du bureau américain de nutrition et santé (NHANES) a porté sur 4 867 adolescents âgés de 12 à 18 ans. Au total, 82,5 % d’entre eux ingurgitent des boissons sucrées, en quantités d’autant plus importantes qu’ils sont plus âgés et sont des garçons. Ceci va de pair avec une élévation des apports en calories, sodium et caféine et une baisse des apports en lait et boissons allégées « diet ». Statistiquement, les plus grands consommateurs sont en plus ceux qui fument et boivent de l’alcool. En revanche, il n’existe pas de corrélation avec l’ethnie, l’indice de masse corporelle (IMC), la taille ou l’apport en fibres. En moyenne, la consommation de plus d’un litre de boissons sucrées en comparaison de la prise de moins de 350 ml/jour, élève l’uricémie de 5 mg/l. Cette différence reste significative (+1,8 mg/l) après ajustement pour l’alcool, le tabac, le lait, les fibres et la prise de boissons « diet ». La pression artérielle systolique n’est pas directement corrélée aux consommations les plus élevées mais le devient une fois ajustée pour l’âge, l’ethnie, le sexe, les calories et l’IMC. En moyenne, la PA systolique des plus grands consommateurs de boissons sucrées est supérieure de 2 mm Hg à celle des faibles consommateurs  Cette corrélation n’est pas retrouvée pour la PA diastolique. Les résultats ne sont pas modifiés par la prise en compte des jus de fruits dans le calcul des boissons sucrées ou l’exclusion des thés ou cafés sucrés.

Au total, ces modifications paraissent faibles mais il est démontré chez l’adulte qu’une élévation de 10 mg/l de l’uricémie augmente de 7 % le risque de néphropathie on de décès après ajustement des variables multiples. Pour l’adulte normo tendu une baisse de 2 mmHg de la PA systolique diminue le risque d’accident vasculaire cérébral de 10 % et d’ischémie cardiaque de 7 %. L’action sur la PA résulterait de l’élévation de l’acide urique par l’activation du système rénine angiotensine et la baisse de production d’oxyde nitrique.

 

Soft drinks : la jungle des étiquettes

Le fructose existe à l’état naturel dans les fruits et provient pour une bonne part de la dégradation du saccharose en glucose et fructose. L’hydrolyse de l’amidon (maïs ou blé) ne conduit qu’au glucose. Problème : aux USA, l’industrie transforme cette molécule en fructose par action enzymatique, ce qui aboutit à des sirops à teneurs en fructose de 42 % à 55 %. A poids égal, la saveur sucrée du fructose est très supérieure à celle du glucose. De nombreuses études internationales ont montré la relation entre la consommation de boissons sucrées et l’obésité de l’enfant. Cette étude américaine ajoute en plus la nocivité du fructose ajouté.

En France, la charge en fructose des boissons sucrées est très probablement moindre car l’amidon de maïs modifié n’est pas, en principe, utilisé dans les sodas et autres fabriqués sur place. Il n’en demeure pas moins que l’étiquetage devrait être plus précis. La mention « sans sucre ajouté » ne peut figurer que si le produit ne contient pas de mono ou disaccharides en plus. Le terme sucre au singulier désigne le seul saccharose, sucres au pluriel signifie la présence de mono ou disaccharides ajoutés, sans obligation de faire figurer lesquels donc le fructose. Le taux de glucides n’est pas obligatoirement égal à celui des sucres en raison de la présence éventuelle de fibres non digestibles. Dans son dernier rapport, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (2008) propose que la teneur en glucides simples ajoutés soit mentionné mais pense que l’analyse spécifique des glucides présents dans les aliments et des glucides ajoutés constituerait des contraintes importantes qui ne pourraient être levées que grâce aux avancées technologiques…à suivre.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Nguyen S et coll. : Sugar-sweetened beverages, serum uric acid, and blood pressure in adolescents. J Pediatr 2009 ;154: 807-13

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