Quel lien entre exposition aux rayonnements ionisants à l’âge adulte et cancer de la thyroïde chez les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki ?

Plusieurs revues de la littérature ont conclu au peu d’arguments plaidant pour un excès de risque de cancers de la thyroïde chez les sujets exposés aux rayonnements ionisants à l’âge de 20 ans ou plus. Un auteur américain, de l’University of North Carolina, a cependant poussé plus avant l’analyse et évalué, chez les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki exposés à l’âge adulte aux bombardements du 6 août 1945 et du 9 août 1945, la relation entre exposition aux rayonnements ionisants et incidence du cancer de la thyroïde, selon le sexe, la dose reçue et le temps écoulé.

L’évaluation s’est appuyée sur les données d’incidence des cancers survenus chez 59 687 survivants d’Hiroshima et de Nagasaki suivis au sein de la Life Span Study (LLS), âgés de 20 ans et plus lors des bombardements, pour la période 1958-1998.

Cancer de la thyroïde chez les femmes mais pas chez les hommes

Dans cette population d’étude, comptant 21 331 hommes et 38 356 femmes, 55 cas de cancers de la thyroïde ont été observés chez les hommes (43 à Hiroshima, 12 à Nagasaki), et près de 5 fois plus chez les femmes (n = 241, 191 à Hiroshima, 50 à Nagasaki).

L’analyse n’apporte pas d’arguments en faveur d’une association positive entre cancer de la thyroïde et exposition aux rayonnements ionisants chez les hommes exposés à l’âge adulte, l’analyse ne portant cependant que sur 8 cas ayant reçu des doses estimées de 0,1 Gy ou plus.

En revanche, elle révèle, dans la population féminine exposée à l’âge de 20 ans et plus, après ajustements sur les facteurs confondants potentiels (dont la ville, l’âge atteint, l’âge au moment de l’exposition, le lieu), une association positive entre dose de rayonnements ionisants reçue et incidence du cancer de la thyroïde, avec une tendance à un excès relatif par gray de 0,70.

Cette association positive, chez les femmes, persistait pour toutes les périodes analysées entre 1958 et 1998, avec une tendance à la diminution d’amplitude lorsque le temps écoulé depuis l’exposition augmentait (excès relatif par gray : 1,10 pour la période de 13 à 15 années écoulées depuis l’exposition, 1,29 pour 16-25 années, 0,44 pour 26-35 années, 0,02 pour 36-45 années, 0,25 pour 46-53 années).

L’exclusion des 40 cas touchant des habitants ne se trouvant pas momentanément à Hiroshima ou à Nagasaki lors du bombardement et ceux se trouvant alors à plus de 10 km de l’hypocentre dans ces villes, n’a pas modifié l’association.

Ces résultats, qui ne portent que sur la période 1958-1998, n’incluent pas les 13 premières années post-bombardement ; le suivi de l’incidence des cancers dans la LLS n’ayant débuté qu’en 1958. Ils associent exposition aux rayonnements ionisants à l’âge adulte et cancer thyroïdien chez les femmes ayant survécu aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, mais non chez les hommes. Le risque, notent les auteurs, paraissant plus faible que celui résultant de l’exposition aux rayonnements ionisants dans l’enfance.

Dr Claudine Goldgewicht

Référence
Richardson DB : Exposure to ionizing radiation in adulthood and thyroid cancer incidence. Epidemiology 2009 ; 20 : 181-7.

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