Transmission des virus grippaux : les mesures physiques sont efficaces

La vaccination et les traitements antiviraux semblent être les piliers des programmes nationaux et internationaux mis en place pour limiter la pandémie de grippe A(H1N1). Pour exemple, l’un des récents documents de L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) concernant la gestion de la pandémie grippale : la vaccination y est évoquée 24 fois, les traitements antiviraux 18 fois, alors qu’il n’est fait mention du lavage des mains et du port de masques qu’à 2 reprises.
Il n’existe pourtant pas de preuve qu’il faille recommander la vaccination et les antiviraux dans les cas où la menace est modérée, ce qui paraît être actuellement le cas pour le virus H1N1.

Les mesures physiques telles que lavage des mains, port de masques, isolement des malades, ports de gants ou de blouses, beaucoup moins coûteuses, ne seraient-elles pas suffisantes pour interrompre ou réduire la propagation des virus respiratoires ?

Une revue systématique de la littérature a répertorié 59 études, essais randomisés ou non, études de cohortes prospectives ou rétrospectives ou études cas-témoins, évaluant l’efficacité de ces mesures physiques pour limiter la propagation des virus à tropisme respiratoire. L’analyse des résultats montre que les mesures d’hygiène ont une efficacité certaine pour éviter cette propagation, surtout chez les jeunes enfants et pour l’entourage des personnes contaminées. Le lavage simple des mains (aucune preuve n’est apportée dans cette analyse de l’intérêt de solutions antiseptiques ou virucides), le port de masques et l’isolement des patients potentiellement contaminés sont des mesures , elles aussi, efficaces, et peuvent être renforcées, en cas d’augmentation des risques de transmission, par le port de gants, de blouses et de masques à dispositif filtrant.

Ces mesures nécessitent toutefois des changements dans les habitudes et les études montrent que la motivation pour les adopter varie avec le risque de contamination. Elles sont notamment peu appliquées dans les périodes où le risque paraît faible. Les auteurs estiment que des campagnes d’information et l’éducation des jeunes enfants auraient un effet positif sur ce point.

Tout en regrettant l’absence d’essais randomisés comparant les différents types de masques, ils suggèrent aussi que des efforts soient faits pour la conception de masques plus confortables et d’un « design » plus esthétique, la « compliance » au port des masques N95 (ou FFP2, ou « en bec de canard ») souffrant en effet grandement de ces aspects : ils sont jugés peu pratiques et peu esthétiques.

Pour conclure, il semble que des mesures simples et peu coûteuses peuvent réduire la propagation des virus à tropisme respiratoire, et par là diminuer la morbidité et la mortalité liées à ces infections. S’il y a fort à parier que cette information ne modifiera pas les programmes établis de lutte contre la pandémie, c’est toutefois une nouvelle plutôt rassurante pour tous ceux qui, dans le monde, n’ont accès ni aux vaccins ni aux antiviraux.

Dr Roseline Péluchon

Référence
Jefferson T et coll. : Physical interventions to interrupt or reduce the spread of respiratory viruses: systematic review. BMJ 2009;339:b3675

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