
Les utilisateurs de cannabis ont un risque plus élevé de développer une psychose. Cette grave conséquence résulte de l’effet pathogène du delta-9-tétrahydrocannabinol, une substance psychotrope contenue dans cette drogue et désignée couramment par le sigle D9-THC. Or on observe actuellement une forte augmentation de la concentration en D9-THC des échantillons de cannabis disponibles dans de nombreux pays, et notamment en Europe. Par exemple, dans les saisies de cannabis réalisées en Angleterre par les forces de l’ordre en 2008, la concentration en D9-THC est en moyenne six fois plus élevée (12 à 18 %) pour la variété « sinsemilia » (part de marché actuelle d’environ 70 %) que dans la résine (« le hasch ») dont la consommation prévalait jusqu’à la fin du XXème siècle (2 à 4 % actuellement).
Parallèlement, le contact avec la drogue s’est insidieusement banalisé dans la société, en particulier chez les jeunes : « 40 % des adolescents britanniques âgés de 15 à 16 ans ont déjà consommé du cannabis », au moins à titre d’une « expérience » prétendument « initiatique » ! Portant sur 280 patients vus lors d’un épisode psychotique inaugural (et comparés à 174 sujets-contrôles), une étude anglaise confirme que le D9-THC est effectivement « le composant actif (du cannabis) augmentant le risque de psychose ». Les sujets ayant fumé « plus longtemps et plus souvent » sont de façon significative plus vulnérables à la psychose.
Déjà dénoncée à plusieurs reprises (comme dans le cri d’alarme lancé en 2007 par l’Académie nationale de Pharmacie [1] en France), cette certitude épidémiologique présente des « implications importantes » concluent les auteurs, vu « la disponibilité et l’utilisation accrues du cannabis » ; ce produit étant de surcroît actuellement plus puissant (donc plus pathogène) en raison de sa plus forte concentration en D9-THC.
[1] http://www.acadpharm.org/medias/direct/-Pandemie-cannabique-ANP-09-11-07-Vdef-.pdf
Dr Alain Cohen