Une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) a été délivrée à la lénalidomine (LEN) chez les patients ayant un SMD 5q- de faible risque ou intermédiaire 1 et une dépendance transfusionnelle, de janvier à septembre 2007 par l’AFASSPS en coopération avec le GFM. Au total, 95 patients ayant reçu au moins 3 cures étaient évaluables. Le LEN était administré à raison de 10 mg/jour pendant 21J/28J. Les répondeurs poursuivaient cette dose jusqu’à la progression, l’échec ou la survenue d’une toxicité. L’utilisation de GCSF était recommandée en cas de neutropénie fébrile ou de grade III/IV. Le LEN était arrêté en cas de plaquettes < 20 000/mm3 ou en cas de PNN< 500 mm3 avec reprise lors de la récupération. La réponse était évaluée aux semaines 8, 16, 32 et 48 selon les critères d’IWG 2006. Le critère principal était l’obtention d’une indépendance transfusionnelle (IT) c'est-à-dire d’une absence de besoin transfusionnel pendant 8 semaines avec une augmentation du taux d’hémoglobine d’au moins 1g/dL. Le critère secondaire était une réponse érythroïde.
Une réponse érythroïde a été rapportée chez 62 patients (65 %) dont 60 (63 %) d’indépendance transfusionnelle. Le temps médian d’obtention de l’IT était de 16 semaines. La réponse cytogénétique était évaluable chez 15 patients : 60 % d’entre eux ont répondu, dont 20 % de réponses complètes.
Les effets secondaires d’ordre hématologique étaient des thrombopénies grade III-IV chez 38 % des patients et des neutropénies grade II-IV chez 74 % d’entre eux, non modifié par la prise de GCSF. De plus, 8 patients ont présenté une thrombose veineuse profonde dont 6 phlébites et 2 embolies pulmonaires. A noter que le taux de thrombose veineuse profonde était plus élevé chez les patients ayant présenté des taux d’Hb >13 g/dL : 16 % versus 3 % pour des taux d’Hb < 13g/dL.
Quatre cas d’effets secondaires non hématologiques de grade III-IV ont été rapportés (oedème de Quincke, rash, diarrhée et prurit) et 28 cas de grade I-II (diarrhée [n = 12], nausées [n = 8] et complications infectieuses [n = 8]. Onze patients ont arrêté le traitement notamment à cause des effets secondaires non hématologiques pour 6 d’entre eux et d’une cytopénie pour 2 malades.
Quinze patients sont décédés : cytopénies (n = 3), LAM (n = 3), causes indépendantes de l’ATU (n = 4), causes non connues (n = 5). Cinq de ces 15 patients avaient obtenu une indépendance transfusionnelle. Enfin, 6 malades/95 ont présenté une transformation, dont 4 qui avaient obtenu une indépendance transfusionnelle.
Au total, ces résultats sont comparables à ceux de l’essai MDS 003 tant sur le plan de la population qu’en terme d’indépendance transfusionnelle.
Dr Laurence Houdouin