Un pancréas artificiel après résection pancréatique

L’hyperglycémie postopératoire, fréquente même chez les non-diabétiques, est susceptible, par les troubles hépatiques et immunitaires qu’elle induit, d’obérer la convalescence ; une régulation de la glycémie par insuline en per et postopératoire réduit les complications mais avec le risque d’entraîner une hypoglycémie, facile à prévoir mais difficile à prévenir.

La résection pancréatique (RP) menace d’un diabète pancréatoprive (DP) dont l’équilibre nécessite des doses importantes d’insuline et dépend de l’étendue de la résection ; c’était donc le modèle idéal pour tester le pancréas artificiel (PA) fonctionnant en circuit fermé mis au point au Japon, et qui maintient une glycémie stable en injectant automatiquement du glucose ou de l’insuline en fonction des dosages qu’il effectue spontanément à intervalles réguliers dans le sang pendant les premières 18 h postopératoires.

Sur 30 opérés de RP (après exclusion des porteurs de métastases), la randomisation en a tiré 13 pour  une régulation classique de la glycémie par injection d’insuline à la seringue (IS) et 17 pour le PA. Les critères de comparaison ont été la fréquence et la sévérité (<0,4 g/l) des épisodes d’hypoglycémie postopératoire, et aussi les doses totales d’insuline nécessaires pour assurer le contrôle de celle-ci.

Les types de résection ont été variés (15 duodénopancréatectomies céphaliques, 11 splénopancréatectomies gauches, 2 résections atypiques centrales et 2 pancréatectomies totales) et équitablement répartis dans les 2 groupes.

La mortalité, nulle en postopératoire immédiat, a ensuite été comparable dans les 2 groupes (suivi de plus d’un an). En revanche, alors que, dans le groupe IS, la glycémie a grimpé en postopératoire jusqu’à un plateau de 2 g/l entre 4 et 7h pour descendre ensuite, elle est restée beaucoup plus stable (entre 0,8 et 1,1 g/l) avec le PA. Aucun des opérés n’a connu d’épisode hypoglycémique. Parallèlement, la quantité d’insuline requise pour assurer l’homéostasie a été significativement plus élevée (107 Unités Internationales en moyenne) dans le groupe PA que dans le groupe IS (8 UI) ; de telles doses en IS auraient immanquablement entraîné une hypoglycémie.

Le pancréas artificiel nippon (STG-22) est un outil efficace pour contrôler la glycémie après création d’un diabète pancréatoprive ; il semble prometteur comme traitement insulinique de long terme pour ce type de patients.

Dr Jean-Fred Warlin

Référence
Okabayashi T et coll. : Continuous postoperative blood glucose monitoring and control by artificial pancreas in patients having pancreatic resection. A prospective randomized clinical trial. Arch Surg., 2009 ; 144 : 933-937.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article