L’objectif de cette étude était d’évaluer, chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et exempts de facteurs de risque cardiovasculaire lourds, l’importance de l’athérosclérose infraclinique. L’index utilisé pour quantifier cette atteinte vasculaire a été l’épaisseur intima-média de la paroi carotidienne (EIM). Les facteurs associés à l’augmentation de cet index ont également été recherchés.
L’EIM a été mesurée par échographie chez 42 patientes atteintes de polyarthrite rhumatoïde, normotendues et non diabétiques, ainsi que chez 32 patientes appariées sans rhumatismes [âge moyen : 45,3 (10,00) versus 45,2 (9,8)].
L’exploration échographique a porté sur la carotide primitive (CCA), la zone de bifurcation (BF) et la carotide interne (ICA), des deux côtés et avec 3 mesures de l’EIM sur chaque site afin de déterminer l’EIM moyen et maximal.
Par ailleurs, pour chaque patiente, certaines données liées à la maladie ont été collectées parmi lesquelles
- degré d’activité de la maladie
- paramètres biologiques
- efficacité des thérapeutiques prescrites
Les résultats ont été les suivants :
1/ L’EIM des patientes atteintes de polyarthrite rhumatoïde est supérieur, en millimètre, à celui des patientes contrôles (CCA max : 0,764 (0,148) versus 0,703 (0,100) ; CCA moyen : 0,671 (0,119) versus 0,621 (0,085) ; BF max : 1,055 (0,184) versus 0,941 (0,161) ; BF moyen : 0,889 (0,168) versus 0,804 (0,124); ICA max : 0,683 (0,108) versus 0,613 (0,093) ; ICA moyen : 0,577 (0,101) versus 0,535 (0,076))
2/ L’analyse statistique a permis de montrer chez les patientes atteintes de polyarthrite rhumatoïde une corrélation entre l’EIM et :
- l’âge
- l’IMC
- le tabagisme
- le taux de facteur rhumatoïde
- la vitesse de sédimentation
- la durée du traitement de fond (association de méthotrexate
et hydroxychloroquine) (corrélation négative)
3/ L’analyse de régression multivariée a mis en évidence le fait que l’atteinte rhumatoïde représentait un facteur de risque indépendant d’augmentation de l’EIM.
4/ Chez les sujets contrôles, la même analyse statistique a permis de corréler l’EIM aux facteurs suivants : âge, IMC, taux sanguin de cholestérol total, de LDL et HDL cholestérol et de triglycérides, glycémie.
En conclusion, cette étude confirme que l’athérosclérose touche plus volontiers les sujets atteints de polyarthrite que ceux indemnes de la maladie, y compris lorsque les facteurs de risque cardiovasculaire sont négligeables par ailleurs. La polyarthrite semble donc constituer un facteur de risque indépendant de l’athérosclérose et ceci est reflété par les résultats de l’analyse statistique, qui suggère par ailleurs que l’inflammation chronique serait à l’origine du développement de l’artériopathie (corrélation négative observée entre la mesure de l’EIM et la durée du traitement anti-inflammatoire).
Dr Cécile Borget