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Publié le 20/07/2010
Conférence mondiale sur le sida: des scientifiques en croisade contre la « guerre à la drogue »
A la Conférence mondiale sur le sida, le Pr Françoise
Barré-Sinoussi, codécouvreur du virus HIV et Prix Nobel de médecine
en 2008, a dénoncé l'échec des politiques de lutte contre la
toxicomanie : « il est temps de reconnaître que la guerre à la
drogue menée depuis plus de vingt ans est un échec. Il faut sortir
de l'idéologie pour traiter enfin cette question de manière
rationnelle » a-t-elle déclaré. La scientifique a signé la
déclaration de Vienne, un appel à une réforme globale de la
politique internationale en matière de psychotropes, lancé par
trois organisations de recherche. Depuis la fin des années 1980,
l'ONU dépense 50 milliards de dollars par an dans la lutte
antidrogue. Lancé en 1992, le programme « guerre à la drogue »,
inspirée par le modèle répressif américain, a surtout eu pour
conséquence de marginaliser les consommateurs, considérés comme des
délinquants. Cette politique a contribué, selon Françoise
Barré-Sinoussi , à propager les virus du sida et de l'hépatite.
Elle rappelle que « les héroïnomanes sont infectés à 70 % par le
VIH. En Asie comme en Europe de l'Est, on a vu se multiplier les
centres de détention pour drogués. Sans parler de l'augmentation de
la violence et de la délinquance ». En 2009, un rapport de la
Commission européenne a reconnu l'échec généralisé de cette
politique. Les signataires de la déclaration de Vienne souhaitent
généraliser les modèles alternatifs de réduction des risques, comme
ceux expérimentés avec succès aux Pays-bas, en Suisse ou au
Portugal, où on observe à la fois la baisse des infections par le
VIH et l'hépatite et la réduction de la consommation de
drogues.
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