Les neurotechnologies sont certainement un des domaines les plus fascinants de la recherche médicale. L’un des enjeux majeurs est en effet ici de créer une interface entre cerveau et ordinateur de sorte qu’un système informatique puisse être activé directement par les « signaux cérébraux », en « court-circuitant » muscles et nerfs, afin de redonner une forme de « capacité fonctionnelle » aux patients atteints de paralysie irréversible . Les approches sont diverses. Certains ont déjà développé des puces directement implantées dans le cortex moteur, d’autres essayent de convertir l’activité électroencéphalographique facilement recueillie par des électrodes placées sur le scalp. Une autre technique consiste à placer des électrodes sur la dure mère mais ceci présente quelques risques et les électrodes doivent être mise en place de manière très précise.
Une équipe américaine publie dans Annals of Neurology, les résultats encourageants d’une expérience qui montre que l’activité cérébrale au niveaux des réseaux cognitifs peut être une source de signaux pour l’interface avec l’ordinateur. Leur expérimentation a été menée dans le contexte particulier d’un bilan préchirurgical electrophysiologique pratiqué chez des patients épileptiques pour lesquels l’implantation d’une grille d’électrodes au niveau sous dural permet d’enregistrer pendant quelques jours l’activité électrique et de localiser le foyer épileptique susceptible d’être réséqué.
Auparavant, une exploration en IRM fonctionnelle (IRMf) avait permis de localiser la zone du cortex préfrontal dorsolatéral (DLPFC) impliquée lors de la réalisation d’opérations de calcul mental, localisation qui a été confirmée par les données électroencéphalographiques. Le DLPFC est en effet une région stratégique du cerveau qui intègre un certain niveau d’informations permettant la planification du comportement et la résolution de problèmes.
Chez 3 patients, les signaux recueillis au niveau de cette zone de DLPFC pendant des taches de calcul mental et transmis à une interface ont entraîné le déplacement d’un curseur au niveau de celle-ci : le curseur se déplaçait vers le haut quand le patient faisait une soustraction, puis vers le bas quant il arrêtait tout calcul. Ces résultats peuvent sembler accessoires. Toutefois, ils confirment la pertinence du concept d’un contrôle cognitif et encouragent à continuer la recherche dans le domaine des interfaces cerveau-machine.
Dr Christian Geny