L’histoire de ce patient de 35 ans débute avec un asthme 2 à 3 heures après la reprise de son travail le premier jour de la semaine mais aussi parfois dans la nuit.
L’examen clinique est normal, tout comme la radio du thorax et la spirométrie.
Par contre, le FeNO est augmenté et la PC20 histamine abaissée.
On s’intéresse alors à son emploi et on apprend qu’il travaille dans un bureau à proximité immédiate d’un atelier qui fabrique des sièges de voitures.
Il est en contact avec des microfibres de nylon, des solvants (dégraissants), des sprays imperméabilisants, des nanotubes de carbone, tous potentiellement responsables de pathologies respiratoires mais pas d’asthme.
Il reste la mousse de polyuréthane utilisée pour fabriquer les coussins et qui s’avère contenir du toluène di-isocyanate.
Le coupable étant démasqué, encore fallait-il prouver sa culpabilité…
Le rôle des IgE dans l’asthme aux isocyanates est controversé. Le dosage des IgE spécifiques (du moins avec les tests commercialisés) est souvent négatif.
L’histoire clinique étant le plus souvent insuffisante et le test de provocation difficile à mettre en place, la technique la plus simple consiste à demander au patient de faire un relevé des mesures du peak-flow au moins 4 fois par jour pendant au moins 4 semaines (jours de travail ou non) avec précisions sur l’activité, les symptômes et les traitements.
Les valeurs relevées seront reportées sur un graphique pour être interprétées. L’allure de la courbe est plus importante que l’amplitude des variations.
Il existe un système expert pour l’interprétation de cette courbe (OASYS, www.occupationalasthma.com). Le score est coté de 1 à 4 : l’asthme est probablement professionnel si le score est supérieur à 2,5.
Un test de provocation au toluène di-isocyanate a de plus été réalisé chez ce patient : il était positif.
Après plusieurs changements de poste sans amélioration, le patient a fini par changer d’emploi et n’a plus d’asthme.
Dr Geneviève Démonet