
Londres, le vendredi 24 décembre 2010 – Le dernier rapport des Groupes régionaux d’observation de la grippe (GROG) révèle que cette dernière pourrait bien être l’invitée (peu surprise) de ces fêtes de fin d’année en France. Le seuil épidémique « pourrait être franchi la semaine prochaine » indique en effet le bulletin publié mercredi 22 décembre qui fait état d’une augmentation du nombre de cas et d’une situation déjà proche du seuil épidémique en Ile-de-France, Haute-Normandie, Franche Comté, Picardie, Nord-Pas-de-Calais et Pays de la Loire.
27 décès outre-Manche
Parallèlement à ces données, de nouvelles informations plus alarmantes venues de Grande-Bretagne viennent d’être publiées. La Health Protection Agency (HPA) indique en effet avoir recensé 27 décès de patients souffrant d’une grippe depuis le mois d’octobre, dont 24 avaient été infectés par le virus A (H1N1). Parmi les victimes, la HPA souligne que neuf étaient des enfants. Par ailleurs, plus de 300 personnes seraient aujourd’hui hospitalisées en soins intensifs en raison de la grippe. Pour les responsables sanitaires britanniques, cette situation doit inciter toutes les personnes à risque à se faire vacciner. Ils soulignent également la nécessité d’une action dans l’Europe entière.
Principe de précaution appliqué contre le vaccin
Pas sûr que cet énième appel, peu pour ne pas dire pas relayé par le gouvernement, soit entendu en Frace. La tendance générale en Europe et notamment en France est en effet marquée cette année par un rejet de la vaccination contre la grippe. Tous les quotidiens régionaux présentent ainsi des taux de participation à la campagne en baisse. Le Télégramme de Brest évoque ainsi dans le Finistère une diminution de 10,5 % de personnes vaccinées « par rapport à la même période l’an dernier » explique la directrice de la CPAM du Finistère. Sur l’ensemble du territoire, la chute serait même de 15 % par rapport aux année 2007 et 2008. L’explication de cette désaffection s’impose facilement : la polémique autour du vaccin contre la grippe A (H1N1) a laissé des traces. Les personnes concernées « nous disent avoir peur de complications et choisir le principe de précaution » rapporte le coprésident de la chambre syndicale des pharmaciens du Finistère, Jean-Jacques le Bian. La présence de la souche A (H1N1) dans le vaccin administré cette année attise toutes les peurs. « Mais il en contient tous les ans depuis 40 ans » soupire, Brunon Lina, directeur du centre national de référence de la grippe pour le sud de la France, cité par 20 minutes.
Une maladie pas grave
Si l’argument ne convaincra sans doute pas les populations, il
pourrait ne pas avoir plus d’impact sur les professionnels de santé
et notamment les infirmières. Chez ces dernières, également, la
vaccination contre la grippe ne progresse pas. L’Assistance
publique des hôpitaux de Paris indique en effet qu’à ce jour, moins
d’un tiers des infirmières se seraient faites immunisées contre la
grippe cette année. Si dans certains services, telle la
réanimation, les taux sont meilleurs, les infirmières des unités
les plus concernées ne se montrent pas toujours les plus enclines à
la vaccination. Ainsi, le site Espace Infirmier rapporte la
constatation désolée du docteur Joël Gaudelus, chef de service
hospitalier à l’hôpital Jean Verdier (Bondy). « Dans mon
service, en pédiatrie, le médecin du travail et moi avions organisé
une réunion pour expliquer les risques de la grippe en fonction des
âges, pour les infirmières et pour les enfants qui sont confiés à
leurs soins. Le médecin du travail proposait des vaccinations à la
fin de la séance, mais plus des deux tiers ont refusé. Pourtant, le
taux d’hospitalisation pour grippe est supérieur chez les enfants
de moins d’un an à celui observé chez les plus de 65 ans. Lorsque
nous les interrogions, elles donnaient comme première raison la
“non gravité” de la grippe, puis l’incertitude quant aux effets
secondaires. C’est exactement le même schéma que dans l’opinion
générale », observe-t-il.
Aurélie Haroche