Le déclin cognitif et le handicap fonctionnel contribuent de manière déterminante aux dépenses de santé dont les niveaux ne cessent d’augmenter parallèlement à l’espérance de vie. Or les infections sévères pourraient avoir un impact important sur la prévalence de ces troubles si l’on en croit les résultats d’une étude de cohorte prospective dans laquelle ont été inclus 1 194 patients. Ceux-ci ont totalisé 1 520 hospitalisations avec le diagnostic de sepsis entre 1998 et 2006.
Cet échantillon a été constitué à partir d’une cohorte de 9 223 patients hospitalisés qui ont tous bénéficié d’une évaluation cognitive et fonctionnelle à l’état basal, ceci dans le cadre d’une enquête made in USA en l’occurrence la Health and Retirement Study. L’effectif initial (n=9 223) correspond en fait aux patients qui ont accepté de répondre à des interviews personnalisées. Au total, 516 ont survécu à un sepsis sévère et 4 157 à une autre affection au moins pendant une année après l’hospitalisation. Les interviews ont été menées soit auprès des participants eux-mêmes, soit auprès de leurs proches en utilisant des questionnaires ou des outils validés visant à préciser le degré des troubles cognitifs éventuels, mais aussi les activités de la vie quotidienne (AVQ) et les AVQ « instrumentales » pour lesquelles les patients avaient besoin d’assistance.
L’âge moyen des survivants au moment de l’hospitalisation était de 76,9 ans. La prévalence d’un déclin cognitif modéré ou sévère a augmenté de 10,6 % parmi les patients qui ont survécu à un sepsis, ce qui correspond à un odds ratio (OR) de 3,34 versus ceux qui ont survécu à une autre pathologie, ceci dans le cadre d’une analyse multivariée par régression.
Pour ce qui est des « nouvelles » limitations fonctionnelles après la sortie du milieu hospitalier, dans le groupe sepsis, leur nombre moyen a été estimé à 1,50 en cas de troubles préexistants qu’ils soient légers ou modérés et à 1,57 en leur absence. En l’absence de sepsis, il n’y a eu ni déficit cognitif significatif ni apparition de limitations fonctionnelles par la suite.
Si l’on en croit les résultats de cette étude de cohorte prospective, un sepsis sévére motivant une hospitalisation chez le sujet âgé exposerait à des troubles cognitifs volontiers sérieux et/ou à un handicap fonctionnel substantiel.
Cette association serait en outre indépendante des autres facteurs de risque connus. Elle pourrait témoigner d’une vulnérabilité « basale » aggravée par le sepsis sévèree.
Dr John Sorri