Les bénéfices du dépistage du cancer du sein (KS) par la mammographie font généralement consensus, mais il est vrai que l’on s’est peu interrogé sur certains de ses effets pervers et notamment sur les conséquences en termes de qualité de vie (qdv) de la découverte d’une image faussement positive (IFP) sur une mammographie de dépistage (MD).
C’est le thème d’une étude menée aux Pays-Bas, où les femmes de 50 à 75 ans sont invitées tous les 2 ans à subir une MD (un seul cliché). Toutes les patientes porteuses d’une MD jugée anormale (MDA) dans 3 centres se sont vu proposer de participer à l’étude.
Sur les 385 MDA, 152 correspondaient à d’authentiques KS confirmés par la biopsie guidée par échographie ou stéréotaxie, voire chirurgicale et 233 (60 %) étaient des IFP, diagnostic également authentifié par la biopsie. Les patientes ont été soumises à 2 questionnaires, l’un portant sur leur qdv (psychologie, autonomie, relations sociales), et l’autre sur leur santé générale. Des psychologues ont de plus évalué les patientes en fonction de leur caractère (personnalité, ouverture aux autres) et de leur anxiété et ont classé leurs scores sur des échelles psychométriques (en fonction de leurs réponses à des situations stressantes).
La comparaison des deux groupes (KS et IFP), révèle d’emblée que
le second est fait de femmes plus jeunes (57 vs 60 ans), ayant des
tumeurs radiologiquement plus petites (10 vs 17 mm) et des scores
d’anxiété plus faibles (40 vs 48). Les autres données
démographiques (statut marital, parité) et les critères de
personnalité et de caractère sont similaires.
Le diagnostic a nécessité davantage d’examens (mammographies,
mammotomes, biopsies) dans le groupe IFP que dans le groupe KS.
Leur surveillance a été moins suivie, puisque, sur 233 femmes, 105
n’ont pas été revues, 100 ont eu une visite de contrôle, les 28
autres ont multiplié les consultations.
Un mois après la MDA, on constate une détérioration de la qdv et des scores d’anxiété dans les 2 groupes, mais alors que les chiffres s’améliorent dans le KS, ils continuent de décliner dans l’IFP. Les femmes de naturel anxieux sont celles dont la qdv souffre le plus, quel que soit leur diagnostic (KS ou IFP).
Les femmes anxieuses confrontées à une image mammographique faussement inquiétante voient leur qualité de vie baisser significativement, et ceci pendant un an au moins.
Dr Jean-Fred Warlin