Le dépistage du cancer du sein (KS) repose sur 4 piliers : examen clinique, échographie, mammographie (MG), biopsie au tru-cut, auxquels est venue s’ajouter récemment l’imagerie par résonance magnétique.
La plupart des femmes consultent pour la perception d’une tuméfaction ou une douleur localisée dans un quadrant. Il est d’usage de noter de 1 à 5 les constatations cliniques, radiologiques, et histologiques, où 1 signifie normal, 2 bénin, 3 et 4 douteux, et 5 malin. Ainsi P1E1M1B1 signifie que palpation, échographie, mammographie et biopsies sont normales.
La mammographie a-t-elle une valeur ajoutée chez les patientes P1E1, c’est à dire dépiste-t-elle des KS qui seraient passés inaperçus sans elle, et donc a-t-elle du sens en sus de la palpation et de l’échographie (triple évaluation) ? Pour répondre à cette question, les auteurs ont étudié toutes les femmes de plus de 34 ans (la MG étant jugée inutile avant cet âge) ayant des symptômes dans un quadrant mammaire, aucun antécédent personnel ni familial de KS, un examen clinique et ultrasonique normal (P1E1), et une anomalie MG, cotée M3-M5.
Entre 2007 et 2009, 454 femmes (sur 2 594 examinées) ont répondu aux critères d’inclusion (P1E1) ; le plus gros contingent était constitué des femmes de 35 à 51 ans. Le symptôme amenant le plus souvent à la consultation était la perception d’une augmentation de volume du sein, une douleur, une asymétrie, ou encore une modification de forme de la glande ou l’apparition d’une fossette.
Seulement 21 femmes ont eu une anomalie M3-M5 sur la MG ; des explorations plus poussées ont permis, chez 10 d’entre elles, de redresser le diagnostic (anomalies des tissus mous ou ombilication du mamelon). Une femme a refusé de participer à des investigations complémentaires. Quant aux dix dernières patientes, la présence de microcalcifications ou d’autres anomalies a entraîné la pratique de biopsies ; celles-ci ont certes mis en évidence 3 KS (soit 0,7 % de l’échantillon étudié), mais chez des femmes âgées de 76 à 81 an, et surtout chez aucune de ces 3 femmes, le cancer ne siégeait dans le quadrant (voire dans le sein) incriminé.
Ainsi, la mammographie, chez les patientes dont les symptômes sont localisés à un quadrant, et chez lesquelles les examens clinique et échographique sont normaux, n’est pas contributive au diagnostic ; sa place mérite d’être, dans ce contexte, reconsidérée.
Dr Jean Fred Warlin