Un article néerlandais décrit les problèmes pratiques rencontrés par les pédiatres dans leur communication avec les enfants sourds. Environ un enfant sur 1 000 à la naissance a une surdité complète ou une audition profondément altérée et 1,6 ‰ à l’adolescence. Les causes sont héréditaires dans 30 % à 39 % des cas, acquises dans 19 % à 30 % des cas et inconnues dans 31 à 48 %. Le seuil de déficit auditif à 80 dB ne suffit pas à lui seul à désigner l’importance du handicap car certains enfants ont un langage correct à ce seuil alors que d’autres ont des troubles importants de communication avec un seuil de 30 à 40 dB. De même, le recours aux aides auditives traditionnelles ou aux implants cochléaires n’est pas toujours prédictif des capacités fonctionnelles. De fait, le niveau d’audition doit être jugé en fonction de l’utilisation ou de la compréhension du langage oral.
Avant 5 ans, la complexité du langage par signes limite les possibilités d’apprentissage. Les parents ont souvent des compétences limitées dans ce type de langage. Le retard de vocabulaire fréquent ne doit cependant pas faire oublier que d’autres causes puissent intervenir en dehors de la pauvreté des apports linguistiques. L’apprentissage de la lecture est également gêné par l’absence de correspondance avec le langage : seuls les mots déjà lus peuvent être déchiffrés, empêchant l’utilisation de mots plus rares ou plus complexes. L’intervention d’un interprète du langage par signes est souvent indispensable.
L’éducation du langage se fait au détriment des connaissances générales. Il est souvent difficile pour ces enfants d’avoir connaissance de leur corps, de leur santé et d’exprimer leurs sentiments. La surdité explique la fréquence des maltraitances et des abus sexuels. De surcroit, la possibilité d’autres handicaps doit toujours être prise en compte.
Au cours de l’examen physique ou d’éventuels examens invasifs, la coopération du patient est souvent problématique et les explications nécessaires pour atténuer l’angoisse ne sont pas aisées à fournir.
L’intervention des parents ou d’un interprète est alors indispensable mais l’intimité des adolescents doit être respectée. Le consentement éclairé des adolescents est généralement long et difficile à obtenir. Après une intervention, la mise en œuvre des prothèses auditives doit se faire dès le réveil.
En cas d’urgence, la surdité doit être clairement signalée. Pour toute consultation, il faut prévoir un temps double et l’absence de bruits de fond.
Pr Jean-Jacques Baudon